Cyril et la première neige

Publié le par Hauteclaire

L'hiver est presque là, et Cyril compte bien en profiter !

 

Voici ce qui est arrivé il y a peu de temps ...

 

I love u dragon

 

 

 

Une drôle d’impression réveilla subitement Cyril, qui, restant pelotonné sous les couvertures, dressa les oreilles (au propre comme au figuré) pour écouter attentivement.

Il faisait encore nuit noire dans le royaume Pc, et tout était extrêmement calme, dans un silence presque parfait. C’était en soi assez inhabituel, dans un endroit où il y avait presque toujours du mouvement. Des pages de garde, qui apportaient des dossiers, ou des fichiers au bureau de Magnus Discus. Celui-ci ne dormait pas beaucoup, mais malgré tout arrivait à se reposer quelques heures, entre deux séances de travail acharné. Etre maître de royaume était un poste important, qui supposait une lourde tâche. Cyril se demandait comment on pouvait arriver à gérer autant de choses en même temps.

Mais pour le moment, c’était ce qui l’avait réveillé qui retenait son attention.
Quel silence ! c’était peut-être cela qui avait perturbé son sommeil, il était habitué à un bruit de fond constant après tout. Mais  non, c’était autre chose.

Il avait fait froid depuis quelques jours, et sous les couvertures empilées Cyril s’était fait une sorte de cocon confortable dont il n’avait pas vraiment envie de sortir. Il faisait même presque chaud sous tout cela ! Le dragon émergea un peu plus, pour constater que l’ambiance, en plus d’être silencieuse, était comme ouatée.

Une idée germa, qui s’imposa de plus en plus. Et si c’était …?

Il fallait aller voir !

Repoussant résolument les couvertures, Cyril s’assit sur le bord de son lit (spécial dragon, un sommier solide et large) puis se leva pour aller à la fenêtre, sans allumer, sur la pointe des pattes. Il ne voulait pas ennuyer le voisin du dessous en faisant craquer le plancher ! La moquette était très épaisse, mais à cette heure le moindre petit grincement prenait des allures de catastrophe !
Il s’approcha de sa fenêtre, et repoussa le rideau de velours brun.

Son intuition était bonne, et il se sentit tout excité et heureux en même temps : il avait commencé à neiger !
Le ciel était uniformément couvert, d’une teinte sombre, sans étoiles, et de petits flocons dansaient et tourbillonnaient, tout légers. C’était encore assez peu fourni, juste pour faire joli et recouvrir le sol d’un élégant tapis blanc tout neuf.

Cyril jeta un coup d’œil à son réveil, lumineux dans la pénombre, deux heures du matin.
Il avait encore du temps avant de se lever pour de bon, il pouvait se permettre de perdre une heure de sommeil. Il fallait qu’il aille voir cela de plus près, et être le premier à en profiter !
Vite, la houppelande pour le froid, celle qu’il avait portée dans le grand nord, et aussi à bord du navire de ses amis pirates, l’Altaïr, quand ils avaient navigué dans les eaux glaciales des quarantièmes rugissants, l’été passé. Le temps de l’enfiler, faisant passer les ailes par les échancrures, et il alla dans le salon, là où la fenêtre était plus grande, avec un petit balcon. Il ne voulait pas perdre de temps ! Il sortit, ouh, le froid piquait quand même et son haleine faisait un double jet de vapeur en sortant de ses naseaux, mais c’était bon cet air vif et pur.
Et que c’était beau ! Les arbres du parc étaient encore sombres, se détachant sur le fond clair de la neige au sol. Il ouvrit ses ailes et prit son vol au-dessus du balcon, formulant une prière pour que Magnus soit couché, et plus derrière son bureau, d’où il pouvait voir tout le parc. Il se rendrait compte si Cyril était sorti par la fenêtre en volant, malgré l’interdiction.
Le maître du royaume trouvait cette façon de faire très inconvenante !
Quel plaisir de voler avec les petits flocons qui venaient vous piqueter le bout du nez ! Quelques coups d’ailes, et ça y était, il était tout près de la lisière de la forêt. Il atterrit, et commença de sautiller, ravi de laisser ses empreintes dans une couche blanche et lisse Personne encore n’était sorti, et l’impression d’avoir le parc pour lui tout seul s’accentua.

Tout à coup, une voix très grave chuchota, d’un ton endormi :

     –  Qu’est-ce que tu fais là, petit Cyril ? au lieu d’être dans ton lit ?
C’était son ami le sapin, le plus âgé de la forêt, un arbre vénérable au caractère pas toujours facile, mais si gentil. Il portait déjà les guirlandes de fête, comme toujours avec beaucoup de panache, et les lucioles qui assuraient la décoration lumineuses dans la soirée, se reposaient aussi entre aiguilles et cheveux d’anges.

     –  J’avais envie de voir la neige, chuchota l’intéressé.

     –  Ah oui, ça commence, répondit le sapin, en secouant un peu ses branches pour en faire tomber

un voile de poudreuse qui arriva sur la tête de Cyril.

     –  Tu ferais mieux d’aller te recoucher, tu t’amuseras dans la journée !

Et l’arbre se rendormit sur ces paroles.

Cyril secoua la tête pour que la neige glisse de ses écailles, et se dit que son ami avait raison, mais pas tout de suite, il avait envie de profiter encore un peu de ce moment privilégié.
C’est alors qu’un son frappa ses oreilles sensibles, dans le silence ambiant. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Les lucioles qui discutaient sur les hautes branches ?

Non, le son venait de plus loin à l’intérieur du bois, des éclats de voix !

Que ce passait-il ?

Le dragon reprit son vol, zigzaguant entre les arbres, pour finalement arriver à la première clairière, un endroit bien agréable de fraîcheur en été, où de petits bancs étaient disposés sous les arbres. Les voix venaient bien de là !

     –  On se prétend navigateur, et au lieu de nous mettre dans la bonne direction, on nous emmène dans un site totalement inconnu !

     –  Au lieu de reprocher aux autres, quand on a la prétention d’être chef d’escadrille, on se renseigne d’abord sur les routes à suivre !

     –  Et maintenant ? reprenait la première voix, comment allons-nous faire ? Nous sommes déjà en retard, et nous ne savons pas où il faut aller pour reprendre une connexion, tout ça parce ce que Môssieu ne sait pas tracer une route.

     –  Il n’y a qu’à se renseigner auprès des responsables du site, il doit bien y avoir quelqu’un de garde, si c’est un royaume bien tenu !

     –  Et si nous sommes dans un site culinaire, tu y as pensé ? Non, bien sûr, il faut que je pense pour tout le monde ici !

Cyril s’avança pour voir, et tout d’abord ne vit rien.

     –  Allons bon ! qu’est-ce que c’est encore !

Le dragon baissa la tête pour suivre la provenance de la voix. Des oies ! toute une bande d’oies était là, dans la clairière, pour la plupart installées dans la neige, comme dans des nids, le bec fourré sous les plumes, indifférentes à la dispute entre deux jars dressés l’un devant l’autre.
     – Bonjour, fit Cyril poliment, vous êtes nouveaux ici ? Je m’appelle Cyril.

     –  Bonjour, fit le plus gros des deux, sans doute le chef, coiffé d’un casque d’aviateur,

Je suis Amédée, et voilà mon second, ou du moins est-ce le titre qu’il se donne, Henri.
     – Vous êtes nouveaux dans le royaume Pc ? reprit le dragon.
     –      Non, nous sommes en migration, et môssieu Henri a trouvé le moyen de nous faire prendre

une mauvaise connexion, alors que nous sommes déjà en retard.

     –  Oh ça va ! tu n’avais qu’à vérifier avant !

     – Où allez-vous fit Cyril précipitamment, voyant que la dispute allait reprendre.
     –  En Afrique, répondit Amédée. Tu dois pouvoir nous indiquer la route pour retourner dans une connexion et sortir ?

     –  Bien sûr ! Vous voulez aller au château pour vous reposer avant de reprendre la route ? Je vous assure que nous ne sommes pas un site culinaire !

     –  Tu es gentil, mais nous sommes très en retard. Au retour peut-être, mais là, nous devons y aller.
     –  Il y a une sortie dans le fond du parc.

     –  Alors, nous te suivons !

Amédée fit vigoureusement claquer ses ailes :

     –  Rassemblement ! Nous reprenons la route !

Les oies se levèrent en maugréant, s’étirant et considérant Cyril d’un œil intéressé ou méfiant.
Cyril s’envola, s’élevant au-dessus de la cime des arbres, puis fit du sur place pour attendre l’escadrille. D’un seul coup d’aile, les oies l’entourèrent :

     – Formation de vol migratoire ! hurla Amédée, prenant la tête.
Cyril admira la technique qui les fit se mettre en V et tous foncèrent vers la connexion indiquée. En un rien de temps, elle fut atteinte et franchie, pour se retrouver dans la circulation du réseau net
     –  Voilà, c’est là que nous allons, fit Amédée, montrant une connexion toute proche, nous n’étions pas si loin finalement. Tu viens visiter ? C’est l’été là-bas.

Cyril regarda l’entrée, un paysage immense, une terre à la végétation aride, un soleil haut dans le ciel bleu, pour dire avec un peu de regret :

     –   Il faut que je rentre, j’ai à faire ce matin.

     – Quand tu pourras, tu sais où nous sommes pendant six mois ! Au revoir Cyril.
Et l’escadrille s’éloigna pendant que la connexion se refermait. Il était temps de retourner dans le royaume Pc.

Il n’avait pas passé beaucoup de temps dehors, mais il avait été bien employé, se dit le dragon en se glissant voluptueusement sous sa couette. La neige tombait de plus en plus fort.
Et pourquoi pas une grasse matinée ?

 

 

Publié dans Cyril le dragon

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E
<br /> Comme toujours , captivant et adorable. J'ai fait comme Cyril , j'ai accompagné les oies sauvages pendant leur migration , au col de l' Escrinet , un centre d'observation.<br /> <br /> <br /> Douce soirée, bises Hauteclaire<br />
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H
<br /> <br /> Merci Andrée,<br /> <br /> <br /> nous sommes heureux, Cyril et moi que cette aventure t'ait plu !<br /> Alors, comme etait-ce cette observation ?<br /> <br /> <br /> De gros bisous, et une belle soirée<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Il s'en passe des choses dans le réseau internet !<br />
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H
<br /> <br /> Ah ça !<br /> <br /> <br /> Je peux le dire sans me tromper, Cyril n'arrête pas !<br /> <br /> <br /> Gros bisous Martine, un grand merci pour ta lecture<br /> <br /> <br /> <br />
R
<br /> merveilleuse histoire qui se dévore littéralement, pleine de poésie, de charme.<br /> <br /> <br /> Un ravissement pour le coeur et aussi pour réveiller nos rêves d'enfants oubliés par le toujours plus vite, toujours plus de tout....<br /> <br /> <br /> Prendre le temps de lire, d'écouter ce chant des oiseaux, partir dans ta féérie.<br /> <br /> <br /> Un grand merci pour nous faire comprendre combien il est important de savoir prendre le temps pour faire des choses que l'on a envie et non par obligation ou routine....<br /> <br /> <br /> Bisous<br /> <br /> <br /> régine<br />
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H
<br /> <br /> Bonsoir Régine, <br /> <br /> <br /> avec Cyril, nous te remercions beaucoup, beaucoup pour ta visite et ton message si gentil ! C'est un bonheur pour nous deux de savoir que tu as aimé cette aventure ...<br /> <br /> <br /> De gros bisous, nous espérons que tu reviendra en lire plus .<br /> <br /> <br /> Beau we à toi<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Il 'en passe des choses dans le royaume PC... heureusement Magnus Discu ne s'est pas réveillé ! <br /> <br /> <br /> Douce soirée à toi - gros bisous<br /> <br /> <br /> <br />
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H
<br /> <br /> Bonsoir Monelle,<br /> <br /> <br /> Oui cela valait mieux pour Cyril, il se serait fait gronder !<br /> <br /> <br /> Gros bisous à toi, passe un très bon we<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> Presque un conte de Noël! Il est mignon Cyril (je le découvre enfin!!!!!!) C'est toi qui fait le dessin? Bizes.<br /> <br /> <br /> Christiane<br />
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H
<br /> <br /> Bonsoir Christiane,<br /> <br /> <br /> la vie de Cyril dans le monde du net est pleine de surprises et de rebondissements ! Nous sommes heureux tous les deux que tu aies apprécié cette aventure !<br /> <br /> <br /> De gros bisous à toi, beau we<br /> <br /> <br /> <br />