Cyril et le policier à l'imperméable
Bonjour les aminautes !
Vous connaissez bien Cyril maintenant ... Mais savez-vous qu'il a aussi mené des enquêtes ?
Enfin, mené, ce n'est pas tout à fait le terme, il a aidé.
Vous voulez en savoir plus ?
Il faisait nuit noire dans le royaume Pc, et les couloirs du château étaient totalement déserts. Tout le monde dormait, car il faisait nuit aussi dans le monde réel, et seuls quelques pages restaient de garde pour la sécurité, et traiter le peu de données qui circulaient à cette heure.
L’espion se glissait dans l’ombre, sachant parfaitement où aller, pour accomplir sa mission. Il savait aussi qu’un garde serait là, mais il ne pèserait pas lourd devant son expérience de programme malveillant. Déjà beaucoup de royaumes avaient subi ses attaques, et il n’avait jamais été repéré. Les données avaient été collectées, piratées et ramenées dans des endroits où elles servaient à ses maîtres.
Dissimulant un petit sourire, le logiciel se faufila le long d’un mur, voyant un rai de lumière sous une porte. Parfait ! Le rendez-vous pris avec le page allait se faire. Le pauvre benêt avait cru son histoire, et la porte était restée entre bâillée, malgré les consignes de sécurité. Il suffisait d’entrer, et de le neutraliser !
Le page eut un grand sourire :
– Bonsoir ! fit-il d’un air ravi.
Puis il se retourna vers la petite table où il avait préparé une jolie carafe de liqueur et deux verres.
Il ne vit pas le lourd chandelier décrire un arc de cercle et s’abattre sur son crâne. Il ne vit pas non plus le logiciel ramasser les dossiers confidentiels, déposer quelque chose sur le sol, et se glisser dans le couloir.
Il resta seul dans le noir, pendant que ses pixels s’écoulaient par la plaie béante
Tout le château était atterré, un jeune page avait été découvert inanimé dans l’entrée du dossier qu’il était sensé protéger, en tant que programme mot de passe. On ne savait s’il allait survivre à ses blessures, et avait été transporté vers l’infirmerie, où Magnus essaierai de reconstituer son programme. Mais il avait perdu tant de données, que rien ne permettait de penser qu’il allait pouvoir s’en sortir. Et bien sûr il n’avait rien pu dire de son agresseur.
Et plusieurs dossiers parmi les plus importants du père de famille du monde réel, des archives
confidentielles de son travail, avaient disparu.
La situation était grave, très grave, et tous circulaient en silence, vaquant à leurs occupations en échangeant quelques mots à voix basse. Cette attaque était bien pire que les précédentes, et Cyril en était encore plus conscient que les autres, lui qui avait aidé à démasquer les coupables.
Pour cette raison, il avait été appelé dans le bureau de Magnus, où il se trouvait maintenant, écoutant celui-ci parler :
– Cyril, tu vas accompagner le lieutenant Colombus dans son enquête. Je sais que je peux te faire confiance, et tu connais parfaitement le château et ses habitants.
Le dragon, malgré le sérieux de la situation ne put se défendre d’une pointe de fierté. Lui, dragon arrivé par hasard dans le royaume, venant du monde réel, avait maintenant toute la confiance du maître de celui-ci ! Mais l’heure n’était pas à se lancer des fleurs. Revenant à la réalité, Cyril regarda l’enquêteur, que Magnus avait appelé Colombus, lui adressant un bonjour timide.
C’était un homme d’assez petite taille, les cheveux bruns ébouriffés, un cigare éteint dans les doigts, et vêtu d’un imperméable chiffonné au dernier degré. Il examinait un carnet, tournant les pages, un demi sourire aux lèvres. Cyril eut l’impression de l’avoir déjà vu, sans arriver à se rappeler où.
Magnus lui parlait, mais le lieutenant paraissait ne pas entendre :
– Lieutenant Colombus, fit-il plus fort.
– Quoi ! euh, oh s’cusez m’sieur, je reprenais ce que vous m’avez dit. Je crois que je n’ai plus de questions pour le moment.
– Cyril que voilà va vous aider dans vos recherches.
Le lieutenant leva les yeux vers le dragon :
– Aaaaah ! Bien, merci. Nous allons nous y mettre tout de suite.
– Bonjour messire, fit Cyril, un peu gauche.
– Pas messire, lieutenant, répondit l’intéressé avec un sourire.
Montre-moi où est ce dossier.
Et tous deux se mirent en marche, allant vers le dossier qui avait été attaqué, dans une aile très sécurisée du château. Cyril s’était vu remettre un passe, qui lui permit d’ouvrir l’entrée du bureau. Deux des gardes personnels de Magnus étaient là, attendant devant la porte restée ouverte, et saluèrent brièvement, avant de reprendre leur surveillance. Le lieutenant entra, avec le dragon à sa suite. La pièce était très moderne, très éclairée par une grande fenêtre, des murs couverts de rayonnages supportant les dossiers, une table avec un terminal, un grand canapé, et une petite desserte où étaient restés une carafe et deux verres.
Cyril lutta pour ne pas se laisser hypnotiser par les marques sur le sol, figurant grossièrement une silhouette, celle du malheureux page. Des pixels tachaient la moquette claire, formant une auréole autour des marques de la tête. Il leva les yeux avec effort, luttant contre une sensation de nausée, pour voir ce que faisait le lieutenant.
Celui-ci, faisait lentement le tour de la pièce, les mains derrière le dos, examinant minutieusement les dossiers, le rayonnage resté vide, la carafe, qu’il souleva délicatement pour en sentir le contenu :
– Du porto, et les verres n’ont pas servi…
Il ramassa quelque chose par terre, que Cyril reconnut être un petit bout de pétale rose, à peine visible sur la moquette.
Puis il s’immobilisa, une main contre sa joue, son coude reposant sur le dos de son autre main, plongé dans une réflexion profonde. Cyril n’osait pas bouger, de peur de le déranger dans ses pensées, quand Colombus brusquement alla vers la porte, et interrogea les gardes :
– Vous n’avez touché à rien ?
– Non lieutenant, nous avons simplement emmené le page, après avoir fait les marques sur le sol.
– Vous avez trouvé la pièce comme cela, exactement ?
– Oui lieutenant, exactement.
– Oui, je vois.
Cyril se demandait ce qu’il pouvait bien en déduire, sans oser rien demander, quand Colombus,
avec un large sourire lui dit :
– Cyril, nous allons interroger les suspects. Avec Magnus nous avons établi de façon quasi certaine qu’ils sont trois, les derniers entrés dans le royaume. Tous les autres habitants ont leurs programmes dûment protégés, il est peu probable qu’ils soient responsables. C’est quelqu’un qui vient du dehors de façon récente, forcement.
C’était presque un soulagement pour Cyril, personne de ses connaissances ne serait impliqué.
– Tu comprends Cyril, avec tous ces petits détails, il y a de quoi réfléchir !
– Quels détails lieutenant ?
– Et bien le porto, la lumière du jour.
Et il replongea dans ses déductions pendant quelques minutes.
– Montre-moi où es le nouveau fichier jardinier.
– C’est à l’autre bout du parc, c’est assez loin, voulez-vous que je vous emmène…
Le lieutenant le regarda d’un œil dubitatif :
– Nous allons prendre ma voiture, tu comprends, j’ai le vertige.
Tous deux redescendirent, pour sortir par l’entrée principale, devant laquelle un engin étonnant était
garé. Une voiture grise, assez massive, poussiéreuse et cabossée.
– C’est un modèle ancien, lui glissa le lieutenant d’un air confidentiel.
Il n’y en a plus beaucoup comme elle, sauf dans les sites des collectionneurs !
Cyril ouvrit la portière du passager avec un peu d’effort, elle était assez bloquée, et se glissa sur le siège, pendant que Colombus montait de son côté, et faisait démarrer le moteur dans le nuage de fumée qui sortit du capot.
Un chien qui était à l’arrière se contenta de les regarder d’un œil tombant, avant de retourner à sa sieste.
La voiture s’ébranla doucement, et sur les indications de Cyril, fila vers le fond du parc.
L’enquête commençait vraiment, et Cyril sentit monter une certaine fébrilité.
A suivre