La panne d'ascenseur (conte)

Publié le par Hauteclaire



    ‒ Bonjour mon tout beau, comment va aujourd’hui ?

Cette phrase je la prononce à peu près tous les jours, suivie par quelques autres mots environ une minute après :

    ‒ Merci mon tout beau, à demain !

En général je suis seule quand je la dis, mais je ne le fais pas à voix haute. D’ailleurs s’il y avait une autre personne avec moi, elle ou il serait bien étonné de l’entendre. C’est donc une phrase et un bonjour dits mentalement, mais avec beaucoup de conviction à … un ascenseur.

Je le prends quotidiennement, pour monter de deux étages, du sous-sol à un passage commercial qui me mène chez moi. Je l’aime bien ce petit ascenseur qui accompli vaillamment sa tache sur trois étages. Le sous-sol parking, la rue et le passage commercial qui me sert de raccourci. Il a été installé il y a peu relativement peu de temps mais il n’est pas trop moderne et ne ressemble pas à une boite de conserve comme d’autres. Il y a trois boutons d’étages, une sonnerie d’alarme, et un autre pour ouvrir la porte un peu plus vite, c’est tout. Pas de musique de fond, pas de voyant lumineux, il est tout simple. Un interphone qui crachote quand il monte, une sorte d’interférence avec le réseau électrique je pense.

Je le prenais vite en sympathie et une chose est certaine, quand il est en panne, victime souvent de malveillance, son absence se fait ressentir, les escaliers étant raides et forçant à un détour qui rallonge d’autant le retour à la maison.

Une fois à mon étage, je le quitte sur un merci, sans oublier de lui dire au-revoir et de prendre soin de lui. Après tout ça ne peut faire de mal d’être gentille, même avec un ascenseur qui ne dit pas grand-chose.

Ce soir-là, je prenais donc mon ami comme tous les soirs, sans noter rien de particulier :

     ‒ Bonjour mon tout beau ! Tu vas bien ?

Et je pressais le bouton vers l’étage supérieur. La cabine prit son envol et en quelques secondes je me retrouvais au niveau 1 demandé. Et là… rien… la porte restait fermée.

     ‒ Et bien mon grand, il faut me laisser sortir !

J’attends et comme rien ne se passe, je presse sur le bouton d’ouverture, vous savez celui qui porte deux flèches en sens opposés. Toujours rien … Là, je commence à me sentir un peu mal à l’aise, comme tout le monde je n’aime pas rester coincée.

     ‒ Allons mon ami, ouvre ta porte, tu ne vas pas me faire ça !

Et là, je me suis rendue compte que je parlais à haute voix mais toujours pas d’ouverture, il fallait réagir plus énergiquement ! Je pressais le bouton qui était censé me mettre en relation avec un vigile en ligne, un crachotement me répondit, sans plus. Rien à faire, nous restions sans bouger, sans que la porte s’ouvre et je sortis mon portable pour appeler … je ne sais trop qui, la police, les pompiers, les urgences… au choix !

A ce moment précis un crachotement plus fort se fit entendre dans le parlophone, et une voix masculine me dit laborieusement, avec une articulation hésitante :

    ‒ Pas d’arrêt à cet étage.

    ‒ Comment ça pas d’arrêt ? J’étais aussi surprise qu’assez indignée.

    ‒ Pas d’arrêt à cet étage ! répéta la voix plus fort, avec une nuance d’angoisse.

Je n’ai pas eu le temps de répondre autre chose, la cabine s’est remise en route toute seule, me ramenant au niveau de la rue, où la porte s’est ouverte… me laissant découvrir une file de voitures de pompiers en pleine action. C’est ainsi que j’ai appris qu’un incendie assez violent était en cours dans le centre, que tout le monde avait été évacué … et que personne n’avait pensé à l’ascenseur ! ils étaient même surpris de me voir car personne n’avait signalé ma présence ni mon appel. En fait je l’avais sans doute échappé belle !

Je n’ai pas parlé de la voix, mais ma conviction est faite sur sa provenance !

     ‒ Bonjour mon tout beau !

Vous êtes bien de mon avis ?

 

 

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Publié dans les contes

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P
<br /> <br /> eh bien quelle aventure, le mien ne me parle jamais et pourtant je fais souvent le chemin avec lui puisque j'habite le 14 étage<br /> <br /> <br /> bonne journée<br /> <br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> une chance de s'en sortir<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Une mésaventure pas facile à vivre mais tu la racontes si bien !<br /> <br /> <br /> Bisous<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Je déteste les ascenceurs, en plus maintenant ils parlent, 1er étage, 2ème étage, ça m'énerve !<br /> <br /> <br /> Bon wek-end ! Gros bisous<br /> <br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Bonjour Geneviève...  J'aime la façon dont tu nous contes cette mésaventure...  Avec toi les choses ont bien une âme...   Un plaisir de lecture !  Bisous  jill<br /> <br /> <br /> <br />
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