Le voyage: le dernier chapitre du journal (2)
La sphère a incliné sa trajectoire vers notre but, la cinquième planète, et nous avons eu l’impression que cette fois c’était bien fini, les dernières amarres étaient rompues, nous arrivions dans notre nouvelle demeure.
C’est alors qu’ils sont sortis de partout, émergeant de ce même espace contracté que nous venions de quitter. Des vaisseaux, toute une flotte de vaisseaux surgissant de nulle part, et qui nous entouraient, empêchant notre progression. Des exclamations ont retenti, puis un brouhaha est monté, de toute la sphère. Il fallait que j’essaie de calmer les passagers, ce que j’ai fait en réclamant un silence que j’ai plus ou moins obtenu, tout en voyant Tamara du coin de l’œil qui tapait frénétiquement sur son clavier pour mettre en mémoire ce qui défilait sur son écran.
Il n’y avait plus d’autres navires qui sortaient du vide, et nous étions complètement encerclés. Ils ne paraissaient pas vraiment hostiles, mais nous empêchaient d’aller plus loin. Que fallait-il faire ?
Une réponse est venue sous forme d’un crachotement sorti du haut-parleur du réseau de communications, incompréhensible pour nous, mais apparemment pas pour les circuits mémoire de la sphère, qui a entrepris d’afficher une traduction sur tous les écrans, traduction que seule Tamara pouvait comprendre à moitié, et deviner pour l’autre moitié.
Ils nous demandaient qui nous étions, et ce que nous faisions là, aux portes d’une planète qui était interdite d’accès !
Les systèmes de sécurité de la sphère se sont affolés quand un puissant rayon scanner l’a balayée tout entière, révélant notre nature, notre nombre.
Nous nous sommes rapidement concertés sur un plan de fuite, les nouveaux venus semblant plutôt inquiétants, sans avoir le temps de rien faire, leurs vaisseaux venant nous entourer de près. Nous avons entendu le claquement que fait la porte du sas d’amarrage, montrant que les nouveaux arrivants avaient accroché un de leurs vaisseaux à la sphère.
Ils ont traversé la sphère dans un silence retombé et pesant, venant jusqu’au poste de pilotage.
Nous avons découvert des êtres qui nous était proches, mis à part un teint naturellement assez livide, vêtus de longues robes austères.
Ils avaient l’air aussi surpris que nous, et nous avons parlementé du mieux que nous le pouvions à ce moment, avec ceux qui allaient devenir nos amis les plus précieux.
Nous avons réussi à comprendre que la planète des strigans avait été frappée d’interdit après l’extinction de ses occupants, extinction survenue par l’empoisonnement de leur atmosphère du fait d’une de leurs armes chimiques, en quelques jours. Ils avaient enflammé cette partie de la galaxie de leurs attaques incessantes, semant désolation partout où ils passaient, et personne ne leur était venu en aide, puis la planète avait été déclaré fermée, comme tout le système. Nous avions involontairement ranimé la peur en revenant avec une sphère, faisant même croire à la possibilité de survivants cachés dans une colonie lointaine, malgré la grande ancienneté des évènements. La race des strigans était bien éteinte, nous pouvions en témoigner.
Nous avons réussi à nous comprendre, à discuter, et pour nous, à faire valoir notre point de vue, et l’urgence de notre situation.
Tout cela est arrivé il y a un an de notre temps terrestre, et je le rapporte dans ce journal aussi fidèlement que ma mémoire me le permet.
Nous avions rencontré de nouveaux peuples, ceux que nous avions toujours voulu connaître, et qui nous ont aidés au-delà de ce que nous aurions pu rêver.
Que dire d’autre ? Nous avons débarqué les premiers émigrants sur la planète, puis avec l’aide de la flotte qui nous avait d’abord encerclés, nous sommes retournés vers la terre, et nous avons pu en arracher tous ceux que nous avons trouvés. Notre maison est à présent la planète strigan, Tycho deux. Ou d’autres, car maintenant nous savons voyager, et nous le faisons sans trêve.
Un fait personnel que je consigne ici, après tout il s’agit de mon journal, mon mariage avec Tamara, union heureuse, et qui verra bientôt une des naissances d’enfants hors de la terre natale.
Je suis revenu une fois encore, dans cette base de Tycho, sans doute la dernière La terre restera longtemps inhabitable, et la revoir ainsi est une source de souffrance, autant qu’un voyage inutile.
Je laisse mon journal ici, dans le vide il ne s’altérera pas, et peut-être servira-t-il à quelqu’un, un descendant ou un visiteur, dans le futur ?
Capitaine Kevin Jourdin, commandant de la base Tycho moon.
Zdem reposa le livre, la tête lui tournait …
A suivre !
Pour la communauté de Lénaïg "feuilletons, histoires à suivre ..."
Le voyage est publié ici , en cliquant sur la couverture