Le voyage : le début de l'exploration
Il était encore très tôt sur Tycho, et la base était étrangement silencieuse, et le bruit de ses propres pas paraissait disproportionné à Zdem, alors qu'il parcourait les couloirs qui devaient le mener vers sa navette. Il en vint à marcher presque sur la pointe des pieds, ce qui était assez difficile avec ses botte réglementaires.
Quelques soldats de garde le saluèrent au passage, étouffant des bâillements, pressés d'être relevés et oubliant instantanément son passage.
Son chemin le faisait passer près des serres sur lesquelles la vue plongeait directement, par les murs en partie vitrés de cette portion de la base.
Lirio Mat était déjà au travail, lui qui ne dormait que deux ou trois heures, examinant les plantes, et parlant tout seul à mi-voix. Tout seul n'était d'ailleurs pas la bonne façon de le décrire, il parlait à ses plantes, pour les encourager, disait-il, certaines de sa planète ayant acquis une forme d'évolution les menant au seuil de la conscience.
Zdem se demandait ce qu'il adviendrait d'une planète où les plantes auraient de façon certaine une vie spirituelle, comment se nourrir ? Ses semblables et lui étaient végétariens et l'idée de plantes conscientes lui donnait des frissons. On en était pas là sur cette terre, et il fallait bien reconnaître que celles que Lirio avait offert pour les repas étaient excellentes.
Le botaniste leva ses yeux d'émeraude en entendant passer Zdem, et lui fit un petit signe de la main, avant de retourner à ses chers végétaux, qui l'intéressaient bien plus que le commandant de la base.
Zdem retint un sourire, Lirio Mat et ses compatriotes formaient une espèce bien à part, en totale symbiose avec le monde végétal, ce qui les mettait en dehors des préoccupations de la plupart des espèces à forme humaine. Il lui avait été donné de voir débattre deux scientifiques de chez eux, et la conversation qui pouvait durer des heures excluait toute intervention extérieure.
Vraiment une espèce à part...
Laissant les serres et leur maître derrière lui, Zdem avança rapidement vers les quais d'embarquement, où l'officier de garde sommeillait derrière ses écrans de contrôle.
Il se redressa en voyant arriver son commandant, se levant pour un salut tout militaire. Zdem le salua en retour, et tous deux échangèrent quelques banalités pendant que le jeune homme lui présentait les petits écrans scanner où apposer sa main en guise de signature, avant de partir, pour la bonne tenue des dossiers.
Les formalités ainsi rapidement réglées, Zdem se dirigea vers le sas qui devait le mener à son appareil. Celui-ci était à l'extérieur, il fallait donc que des robots ouvriers fixent l'extrémité d'une sorte de grand tuyau souple, reliant le sas à la navette. Par mesure de sécurité, Zdem enfilait la combinaison complète, avec casque et respirateur, au cas improbable où quelque fuite d'air interviendrait.
Une série de claquements secs, et la voix de l'homme de garde retentit dans les écouteurs de son casque lui confirmant que tout était en place et lui souhaitant de bonnes vacances.
Zdem lui répondit avec un au-revoir très convaincu, s'il savait ...
La terre et le destin de ses habitants animaient des discussions passionnées, autour de ce qui avait été découvert au sol, le contenu du journal et les possibles destinations, ainsi que l'identité de ceux qui les avaient aidés. Discussions d'autant plus animées qu'ils étaient tenus au secret.
Combien de temps celui-ci allait-il tenir ? se demanda Zdem. Les premières rotations d'équipes n'allaient pas tarder, et il deviendrait alors difficile d'éviter des bavardages, en famille ou entre amis, et tout le monde saurait très vite qu'une planète appelée terre existait dans ce coin de galaxie. Cela n'allait pas plus loin pour les équipes de recherche, les hommes faisaient leur travail avec soin, mais il n'avait rien d'exceptionnel. Il semblait à Zdem qu'il était le seul à ressentir le besoin presque viscéral de savoir où les terriens étaient allés. Seul Lirio Mat avait une passion égale à la sienne, qui toutefois ne l'obligeait pas à partir dans l'inconnu.
Ca y était, les robots avaient fixé l'extrémité du sas mobile et attendaient qu'il entre dans sa navette pour le replier. Une vingtaine de mètres plus loin c'était chose faite, et Zdem enclencha la fermeture du double panneau qui scellait l'intérieur de son appareil.
A suivre !
Pour la communauté de Lénaïg : "feuilletons, histoires à suivre ..."
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