Le voyage : Le retour vers la terre
Le spectacle était magnifique, mais comment vivre là ?
Notre « invitée » ne disait plus un mot. Son visage, jusque-là assez inexpressif, s’était crispé, trahissant une émotion violente, et une larme roula de sa paupière. La sensation parut la réveiller, et elle passa un doigt sur sa joue, pour le regarder d’un air indécis :
– Qu’est ce que ça ? a t-elle dit laborieusement.
– C’est une larme, a répondu doucement Idrasseva
– Une larme … ?
– C’est ce qui arrive quand nous avons du chagrin, ou une très grande joie.
– Quel …étrange que ce corps, fit-elle avec étonnement
– Sommes-nous arrivés ? Est-ce là que vivent vos semblables ?
Intérieurement je me demandais si nous n’arrivions pas trop tard, mais Drikza reprenant contenance, nous annonça.
– Je vais vous … quitter, je suis …chez moi.
– Etes-vous sûre… ? J’hésitais
– Oui, dit-elle, en me coupant, mon peuple vit toujours là, je le sais. Je les entends, ils …viennent !
Nous avons échangé des coups d’œil inquiets, que voulaient dire ces derniers mots ? Au même moment, des étincelles ont illuminé les parois de la pièce, courant d’un point à un autre et s’entrecroisant en fontaines lumineuses. L’éclairage s’est éteint, puis rallumé, pendant que Tamara se battait avec son ordinateur qui semblait animé de vie propre, et affichait des images ou des signes dans un ordre des plus aléatoire.
Les étincelles se sont concentrées, agglomérées, pour former quatre boules de lumière pure, qui sont descendues lentement vers Drikza, pour se stabiliser à sa hauteur. Elles se sont modelées, et ont fini par affecter une silhouette humaine, tout en restant lumineuses, et sans visage. Elles se sont pressées contre Drikza, dont l’apparence a commencé de fondre, pour retourner à celle de forme éclatante. Sa voix chuintante se fit entendre à nouveau, pendant qu’elle avait encore un semblant de visage :
– Je… remercie vous, et eux ...avec. Nous allons chez nous…Maintenant. On nous ...attend.
Nous allons créer … passage pour vous, vers planète ...Terre. Il y a message aussi dans machine. Soyez …heureux, et souvenez de Drikza.
Nous ne risquions pas de l’oublier ! Ils étaient notre première rencontre avec des êtres d’un autre monde, rencontre que nous avions tellement attendue et qui se faisait en des circonstances tragiques pour eux comme pour nous. Le destin avait permis que nous nous aidions réciproquement, c’était malgré tout un beau début, et l’émotion palpable de Drikza nous touchait plus que nous l’aurions avoué sur le moment.
– Soyez heureuse, ai-je répondu doucement, avec un petit signe de la main vers les silhouettes brillantes qui remontaient et glissaient à travers la coque.
En un instant c’était terminé, nous étions seuls, et nous eûmes tous le réflexe de nous demander si nous avions rêvé. Puis nous les avons vus, dans le vide, se dirigeant vers les tempêtes de la haute atmosphère de leur monde, et s’y fondre, disparaissant à nos yeux.
– Comment peut bien être la vie de cette façon ? fit Ibañez d’un ton incrédule et rêveur.
Cette question, nous nous la posions tous, mais nous n’avons pas eu le temps de nous y arrêter beaucoup.
– Là ! s’exclama Tamara, en désignant un point dans l’espace.
A nouveau, un tourbillon se créait, ouvrant une brèche dans le vide. L’intérieur était noir d’encre, comme une gueule béante pour nous avaler.
Drikza avait tenu sa promesse, pourtant nous eûmes un pincement au cœur en nous dirigeant vers cet abîme de ténèbres, qui nous avala sans un bruit.
A nouveau la sensation de plonger dans un puits sans fond, et cette fois de perdre conscience pendant un temps qui nous parut indéfini, et enfin de revenir à nous pour aussitôt être projetés en avant, comme catapultés hors du boyau qui nous avait amené.
Reprenant tant bien que mal nos esprits, notre premier réflexe a été de regarder au dehors, et nous avons presque crié victoire. Le passage nous avait ramené tout près de notre système solaire. Nous étions au-dessus du plan de l’écliptique, près de Neptune, la très bleue. Au loin, une étoile parmi d’autres, notre soleil n’était qu’un petit point brillant, qui nous paraissait pourtant déjà familier. Autour de moi les visages montraient un mélange d’excitation, de vive émotion, d’attente, des sourires flottaient, mais les yeux étaient inquiets.
Tamara avait tout de suite essayé les communicateurs, et personne ne répondait à ses appels. Nous étions pourtant à portée,
En temps terrestre, notre absence n’avait duré qu’une semaine, qu’allions nous trouver ?
Nous avons remis en route, et avons dirigé la sphère vers notre monde natal, l’angoisse nous serrant la gorge.
Restait-il des êtres vivants sur notre Terre ?
A suivre !
Pour la communauté de Lénaïg : "feuilletons, histoires à suivre ..."
Très bonne journée en voyage