Le voyage - premier épisode : 2eme partie
Voici le deuxième épisode de ce feuilleton commencé la semaine dernière ici : lien
Je vous invite à poursuivre ce voyage avec moi !
Tycho Moon, le 26 avril 25….
Journal du capitaine Kevin Jourdin,
En écrivant ces mots, j’ai le sentiment de commencer un nouveau journal, bien que je le fasse à la suite de l’ancien. Plus tard, peut-être je le relirai, ou quelqu’un d’autre le fera, et alors, je verrai, il verra, ce qu’était ma vie, notre vie, avant…
Voilà dix mois que j’ai été nommé à la tête de la base de Tycho Moon, sur notre bonne vieille lune. Tycho a déjà vingt ans, mais est si bien construite, qu’elle continue d’abriter les équipes de scientifiques qui demandent à y venir. Toutefois, mon équipe a un but un peu différent, qui a été tenu secret jusqu’à ce jour. Nous devions finir de mettre au point notre premier vaisseau d’exploration galactique, exploitant la théorie désormais démontrée sur le dépassement de la vitesse lumière. Je ne vais pas m’étendre sur cette théorie, mais elle devait nous permettre de partir et peut-être de rencontrer d’autres habitants de notre coin d’univers. Depuis trois cent cinquante ans que notre terre est pacifiée, les peuples rassemblés sous l’autorité d’un gouvernement de coalition, nous nous sommes tournés vers la recherche, sans plus avoir à nous préoccuper d’écraser un hypothétique voisin, comme le faisaient nos aïeux. Nous manquait de pouvoir nous déplacer vite et loin, cette mission devait le permettre. Les travaux avançaient bien, nous étions tous optimistes, très bientôt nous pourrions nous lancer dans le grand voyage, et enfin savoir si nous étions seuls ou pas.
Nous le savons maintenant, et sans avoir eu à bouger.
La matinée avait débuté comme d’habitude, les travaux de routine, la bonne marche de la base, avant de reprendre la construction du vaisseau, le Star explorer.
Une journée qui s’annonçait sans problème particulier. Je me souviens d’avoir eu une longue discussion avec le lieutenant Tamara Idrasseva sur les mérites comparés des vodkas russes et scandinaves. Il est étonnant de voir que des choses insignifiantes restent ancrées dans le souvenir, quand ce qui a vraiment de l’importance disparaît, ou devient flou.
Nos programmes étaient bien établis, nous les suivions dans le cours de la routine quotidienne, quand tout à coup les alarmes ont retenti.
Ils avaient surgi de nulle part, sans doute de cet espace prévu par la théorie, où les distances se contractent à l’extrême, celui que nous avions projeté d’explorer. Quatre vaisseaux, ou plutôt quatre sphères parfaites, sans aucune ouverture visible. Nous nous sommes précipités à nos postes, attendant un message, quelque chose…Mon Dieu !
Les sphères sont passées si près au-dessus de la lune, que nous avons pu voir le détail de leurs coques .Un métal brun, lisse, sans marque d’assemblage visible. Des boules sans aspérités, simplement géantes, deux cents mètres de diamètre, d’après nos instruments.
Elles sont passées sans faire attention à nous, dans un silence qui a fait taire les exclamations d’enthousiasme, puis sont allées prendre position autour de notre terre. L’attaque a commencé aussitôt, des ondes à la fréquence élevée qui ont déstabilisé l’équilibre de notre planète, produisant des tremblements de terre, des éruptions volcaniques et des raz de marées. En une heure tout était dit, les continents ressemblaient à une sorte de bouillie, et d’immenses nuages de cendres avaient recouvert le ciel. Nous avions encore quelques contacts radio avec la surface, des survivants parlant de l’apocalypse au milieu des décombres.
Les sphères ont brusquement cessé toute activité. Allaient-elles simplement rester là, ayant déchargé toute leur fureur ? Des ouvertures sont apparues dans les coques, d’où est sortie une myriade d’autres sphères, répliques miniature des premières, entourant la terre d’un réseau serré. Elles ont immédiatement commencé le terraformage. Les éruptions ont cessé brutalement, comme les répliques de séismes, était-ce terminé ? Nous avons alors vu les masses d’air être brassées comme une vulgaire soupe, les courants atmosphériques être déviés. La température a chuté, il devenait clair que les sphères façonnaient une nouvelle terre prête à accueillir…qui ? Nos scanners avaient montré qu’il n’y avait personne dans les engins, nous étions décimés par de simples machines !
Les derniers contacts radio que nous avons eu nous ont appris que les survivants qui le pouvaient, descendaient dans tout ce qui pouvait ressembler à un abri en sous-sol, seul espoir de salut, jusqu’à quand ?
Les sphères mères sont reparties, nous les avons vues foncer dans l’espace et disparaître dans cette sorte de tunnel qui s’est ouvert devant elles. Elles ont laissé un sillage, creusé dans la trame de l’espace, ce sillage que nous nous apprêtons à suivre.
Tout cela est arrivé il y a deux mois, et depuis nous ne savons plus rien de la surface, les liaisons sont coupées, mortes.
Y a-t-il encore des survivants sur ce qui fut notre monde natal ?
Nous avons fini notre vaisseau, et tout à l’heure nous partirons, nous allons suivre les sphères, dans l’espoir qu’elles nous mènent là où tout a commencé. Comprendre ? Pour le moment c’est l’envie de vengeance qui nous habite.
Dans une heure nous partons…
A suivre ...
Et toujours pour la communauté de Lénaïg : feuilletons, histoires à suivre ....