La danse des sept voiles
Voilée d’or pur elle apparut
A la lueur des candélabres de bronze
Elle la femme, l’unique, telle
Un rayon de lune d’orient
Glacée, coupante.
Le corps mince ondulant sous le
Tissu léger,
Visible, invisible, transparence.
Elle glissait sur le sol, telle
Un fauve tendre
souple, tendu
Et seul le tintement de ses bijoux
Brisa le silence devant le trône
Opressant, immobile
Ses bras se levèrent lentement
Et la mélopée monta, insidieuse,
Parmi les volutes de l’encens lourd,
Entêtant, fumée grise, enveloppante.
Le roi, couvert de pierres et de métal
S’est penché,
Avide, assoiffé.
Les yeux des courtisans
Brillaient à lueur des torches
envie, concupiscence
Quand le voile est tombé,
Tachant le sol de citrine.
Le premier, arraché.
Le saphir velours
Et l’émeraude profonde ont suivi,
Tournoyant, dénudant.
Son visage impassible,
Lisse comme le marbre des statues
blancheur, fixe
Resplendissait dans les lames des haches
Aux mains des gardes.
Tranchantes, attente.
L’opale a nimbé les hanches enserrées
De la lourde chaîne de vermeil rouge et
Le rubis ensanglanta les seins hauts
Nus, dressés.
La topaze aérienne à son tour
A révélé, jambes longues,
nerveuses, minces
Chevilles fragiles cerclées d’anneaux,
Incrustés de pierres,
Flamboyantes, étincelantes.
Le diamant terminait
De la danse le mouvement.
Corps blanc, sexe brun
Offrande, demande.
Le roi avait promis …
Egaré, perdu.
Je n’étais que néant, garde,
Presque un enfant, devant la
Déesse de ce palais,
Grandiose, pervers.
Les ans sont passés, et les
Cheveux ont blanchi, comme
Bientôt les os dans la tombe,
Froide, oubli.
Mon âme continue de brûler
De l’unique regard qu’elle m’offrit,
Vert, paupière ambrée, implacable,
Quand dans ses mains je posais
Le plat d’argent,
Rougi.