Cyril et l'extra terrestre 5
Cyril est toujours là-haut ! Vous le suivez ?
Cyril et Lance se regardèrent, très mal à l’aise. Setko, qui vit leur échange muet, intervint :
– Non les petits, ce ne sont pas vos programmes, n’ayez pas peur !
Cyril étouffa un soupir de soulagement malgré lui.
– Il est arrivé avec un programme scientifique. Il était très bien dissimulé, et il y avait une faille dans notre système. Le pire est que maintenant la sécurité ne le retrouve pas, et ne comprend pas comment il peut autant détériorer le vaisseau.
Les ordres restent les mêmes, vous vous enfermez dans les cabines pour les civils, les autres, à vos postes.
La petite troupe s’ébranla, et déboucha dans la coursive. Ils marquèrent un temps d’arrêt, saisis par le spectacle. Des membres d’équipage allaient et venaient au pas de course, d’autres avaient ouvert des placards techniques, examinant leurs contenus au plus près. Tout était plongé dans une semi-pénombre, seuls les éclairages de veille fonctionnant encore.
– Vite Cyril, lui dit Lance à l’oreille.
Il faut que je te laisse dans ta cabine, et que je retourne à mon poste.
Les deux amis se dépêchèrent, et Cyril se trouva finalement dans une petite cabine, située dans un couloir non loin de la coursive qu’ils venaient de traverser. Là, le tumulte régnant à bord ne lui parvenait que très assourdi, et le petit dragon se sentit à la fois triste et désœuvré. Il aurait voulu pouvoir aider, mais il devait comprendre, l’équipage n’avait pas besoin d’être dérangé dans un moment pareil. Il n’y avait pas plus de lumière, les écrans ne fonctionnaient pas, que faire en attendant ? Il y avait bien des livres dans une petite bibliothèque, et après examen une lampe veilleuse avec une batterie autonome qui marchait, mais Cyril ne se sentait pas de lire. Il s’approcha finalement de la fenêtre, et contempla Do’Bret qui miroitait sur le fond bleu de l’espace. Voyage comme exploration s’étaient si bien passés ! Il se résigna à s’asseoir près de la fenêtre, et à attendre.
Au bout d’un moment, il eut soif et alla dans le cabinet de toilette, boire un peu d’eau au robinet, puis désaltéré, il alla entrouvrir la porte, pour regarder dans le couloir. Celui-ci était désert, mais de plus loin, la rumeur persistait, et aucune amélioration ne se notait. Le vaisseau était toujours immobilisé, et en partie dans le noir.
Un détail pourtant attira l’attention de Cyril, une sorte de traînée brillante le long du mur. Levant les yeux, il vit qu’elle avait l’air de provenir d’une trappe située dans le plafond. Une fuite d’un liquide de propulsion ? Un peu partout des conduits techniques couraient, permettant aux équipes de maintenance d’atteindre les installations vitales du navire.
Cyril s’approcha, toucha du doigt le liquide qu’il trouva visqueux et assez nauséabond.
Que fallait-il faire ? Il ne voulait pas risquer de déranger quelqu’un pour une simple fuite qui pouvait attendre.
Malgré tout, il voulait en avoir le cœur net, et d’un petit coup d’aile, se rapprocha du plafond, et souleva la trappe. Encore un petit effort, et il prit pied dans le conduit technique.
C’était assez grand pour marcher à quatre pattes, sur une sorte de grille de métal. En-dessous, comme tout le long des murs, des câbles, et des relais électriques, Cyril se trouvait donc dans un des locaux desservant l’alimentation du navire. Justement, un relais, tout près de la trappe, était ouvert et très endommagé, crépitant, et déversant des étincelles sur la grille. Le liquide poisseux dégoulinait de là, mais continuait en trace un peu plus loin.
Saisit d’un pressentiment, Cyril la suivit, tournant un angle après le relais.
Il était là !
Le ver ondulait pour avancer, et déjà plongé dans une autre armoire, s’était attaqué à un réseau encore fonctionnant. Il était monstrueux, un corps cylindrique et brun, musculeux, pas d’yeux visibles, et une gueule hérissée de dents comme des barbelés.
En un éclair Cyril comprit : la créature, en plus d’infecter les systèmes, était sûrement passée par hasard dans un des appareils à hologrammes, avait pris corps dans le navire et dévorait tout ce qui se trouvait sur son chemin.
Cyril s’apprêtait à faire demi-tour pour donner l’alerte, quand le ver se retourna vers lui, et tenta immédiatement de le happer. Cyril fit un bond en arrière, esquivant de peu les mâchoires, alors qu’une haleine fétide lui remontait vers les narines, lui soulevant le cœur. L’animal se ramassa pour une autre attaque, gueule ouverte sur les dents en forme de poignards. Cyril agit par réflexe, et lança une flamme dévastatrice directement dans l’orifice béant. L’animal se mit à se tordre, sa queue frappant les parois à toute volée, pendant que ses pixels se désagrégeaient, en poussant un rugissement qui épouvanta Cyril, pour finalement exploser dans une lumière jaunâtre.
La paroi du conduit, durement touchée, se fissura, se lézarda, une brèche s’ouvrit, s’agrandissant immédiatement, laissant l’air s’échapper. Une alarme se mit à résonner, stridente, et avant que Cyril ait pu réagir, il se trouva aspiré vers l’extérieur du vaisseau,
Dans le vide…
A suivre…
Cyril en édition sur Lulu (tome dix)
Pour la communauté de Lénaïg : feuilletons, histoires à suivre ..."