Cyril et la cité oubliée.
En ce moment, et depuis quelques temps, il est question de prédictions, et d'une civilisation ancienne ...
Savez-vous que Cyril a fait un tour là-bas ? Enfin, pour tout vous dire, il était un peu plus loin, en Amérique du Sud, mais il
avait envie de vous en parler.
Il faut aussi que je vous dise, que je publie cette aventure sous les auspices de Catherine et de son challenge, dans la catégorie "spécial dragons" .
Alors si vous aussi vous avez envie d'écrire sur l'Asie, ou sur les dragons, il faut y aller ! Le challenge dure jusqu'à février.
Ja laisse à présent la parole à Cyril !
Cyril et la cité oubliée
Cyril hésitait sur le pas de la connexion, malgré la curiosité qui le tenaillait depuis plusieurs jours. Allait-il entrer ou pas ? Il y avait des rumeurs sur ce nouveau lien, installé par le papa de Cerise.
C’était un royaume étrange, une civilisation perdue depuis longtemps, une jungle impénétrable. Peut-être vaudrait-il mieux s’abstenir cette fois, ou demander à Magnus Discus ce qu’il en pensait ?
Allons, ce ne pouvait être si terrible, ou sinon ce lien ne serait pas installé sur le blog d’une adolescente. Cyril se redressa, et d’un pas légèrement hésitant, franchit la connexion.
Tout de suite la chaleur moite l’assaillit, des parfums lourds de végétal humide, fleurissant et se décomposant. Il se trouvait dans une forêt vierge des plus denses et la lumière, masquée par les arbres géant, ne parvenait que très amoindrie, avec une étonnante nuance verte.
Il renifla avec précaution, son odorat sensible de dragon saturé par tous ces parfums inconnus, enveloppants, doux, sucrés, un peu écœurants mais enivrants, ou parfois désagréables, évoquant l’humus. Cyril marqua le pas, il lui fallait s’habituer, vaincre une certaine appréhension, pourtant, l’envie de découvrir ce monde était le plus fort. D’un petit coup d’aile il s’éleva au-dessus du sol jonché de feuilles et de débris végétaux de toutes sortes, et avança doucement.
Il ne pouvait aller très vite, les arbres étaient trop serrés pour un vol rectiligne et rapide.
Aussi, c’est en voletant avec précaution qu’il alla de l’avant, pour s’arrêter à nouveau quelques centaines de mètres plus loin. Il était intrigué, de vieilles pierres jonchaient le sol, évoquant la proximité d’une construction, ou même de plusieurs, et pourtant il ne voyait rien. Les arbres étaient comme un rempart vert sombre, masquant tout à peu de distance.
Il fallait tenter de voir un peu plus, sinon autant retourner tout de suite sur ses pas, et rentrer chez lui.
Le silence était lourd, comme l’air immobile de ce début d’après-midi dans la jungle. Les animaux, s’il y en avait, devaient dormir à l’heure chaude. De temps à autre il voyait du coin de l’œil un éclair de plumes multicolores, mais sans plus.
Et depuis quelques minutes cette sensation d’être observé, et même de près, sans pouvoir déterminer s’il avait raison ou non, malgré ses sens en alerte. Et là, les pierres s’organisaient pour former un chemin parfaitement taillé qui allait tout droit au travers de la jungle.
Voilà qui était prometteur ! Cyril battit des ailes, prêt à s’envoler, quand les buissons près de lui se mirent à bouger, agitant leurs branches.
Qu’est-ce que cela voulait dire ? Par prudence il s’éleva un petit peu dans les airs.
Les feuilles s’écartèrent, un éclair doré bondit par-dessus, pour atterrir juste en dessous de Cyril, qui se trouva face à un regard vert transparent, qui le fixait avec acuité.
Une fourrure claire, des taches noires et presque rectangulaires, Cyril se trouvait face à un très imposant jaguar. Ils se dévisagèrent quelques instants, puis Cyril risqua :
– Bonjour… d’une petite voix
– Rrrrrrh qui es-tu toi ?
– Je m’appelle Cyril, je viens du blog de Cerise, où je suis présentateur.
– Ah oui, le nouveau lien, j’ai vu ça hier. Mais je n’ai pas encore eu le temps d’aller me présenter à votre maître de royaume. Je suis Qaritl, et je suis l’image de ce domaine.
Le jaguar se redressa avec fierté :
– Je suis le descendant d’une longue lignée de jaguars, représentant un dieu.
Cyril était impressionné, un dieu ? comme son ami Khépri, le scarabée égyptien alors ?
Il reprit patte au sol,
– Je ne veux pas te déranger, mais est-ce que je peux visiter un peu ton site ? C’est la première fois que je vois une telle jungle, et cette route…
Le jaguar était en fait plutôt affable :
– Mais bien sûr ! Je vais te guider, il y a tellement de choses à voir. Et d’ailleurs tu risques d’avoir du mal à t’y retrouver. Suis-moi !
Et il bondit, avançant rapidement sur les pierres du chemin, Cyril volant sur ses talons. Au fur et à mesure, la jungle s’écartait un peu, souvenir de l’entretien apporté au passage qui .les menait toujours plus loin.
Enfin, les premiers murs apparurent, étonnant, formidables, devant lesquels Cyril resta un instant en arrêt, regardant l’ajustement des pierres. Pas moyen de glisser un petit bout de griffe entre elles !
Qaritl le regardait, amusé autant que fier de son étonnement :
– Entre, tu verras une cité que personne n’a encore découverte. Même les visiteurs du site ne la connaissent pas, je les emmène ailleurs, à un endroit pour touristes, conclut-il avec une pointe de mépris.
Cyril le suivit, laissant derrière eux les remparts, pour remonter une large avenue. Des bâtiments de part et d’autre, simples maisons d’habitation, ou demeures élaborées de notables.
Puis le cœur même de la ville, avec un palais magnifique, à l’abri de murs comme ceux de l’enceinte. Il se dressait au centre d’une place, espace formant un carré parfait. Jadis, la place devait être parfaitement dégagée, à présent la jungle avait repris ses droits, et les arbres enserraient les fondations du palais, projetant la même lumière verte qu’au cœur de la forêt.
Des sculptures taillées à même la pierre des murs, peintes de couleurs vives, presque violentes, malgré la pluie équatoriale qui les avait un peu délavées. A l’intérieur des feuilles d’or couvraient encore certaines parois, et des objets étaient restés ici et là, en or et en jade d’un vert profond.
Que de merveilles ! Cyril en avait le vertige, mais Qaritl ne lui laissa pas le temps de se remettre, et l’entraîna vers un lien qui s’ouvrait tout près de là. Le paysage suivant était aquatique, un lac immense, couvert de roseaux, reflétant à sa surface un ciel bleu dur et pur de montagne. Ils se trouvaient maintenant en altitude, et les eaux du lac paraissaient sans fond, malgré leur transparence qui pourtant ne laissait deviner que quelques mètres.
Un autre lien, et tous deux se retrouvèrent sur une plaine immense, désertique, sèche sans l’ombre d’un arbre, ou le vert d’un brin d’herbe. Cyril contempla, étonné :
– Quel est cet endroit ? Qu’y a-t-il à voir ? Ou bien est-ce que quelque chose s’est passé ici ?
Le jaguar retroussa les babines, émettant un son en bonne imitation d’un petit rire :
– Toi qui a des ailes, vole un peu au-dessus de cette plaine.
Cyril s’exécuta, et vola à deux mètres au-dessus du sol :
– Plus haut Cyril, lui cria Qaritl,
sinon tu ne verras rien !
Dix mètres, vingt mètres, plus encore, et là Cyril vit avec stupeur des dessins immenses, fait dans le sable desséché de la plaine. Un oiseau apparut, puis un insecte, une fleur aux pétales délicats, malgré leur énormité, et même un poisson, alors que la mer n’était pas visible avant des centaines de kilomètres.
– Allez viens, tu n’as pas encore vu le plus beau ! lui dit le jaguar, le précédant vers un nouveau lien.
Qu’y avait-il encore de plus extraordinaire à découvrir se demanda brièvement Cyril.
Ils étaient maintenant au flan d’une autre montagne, ayant laissé la jungle humide derrière eux, les flancs étaient couverts d’une herbe verte et rase. Tout là-haut, au sommet, Cyril devina les murs d’une autre cité.
– Celle-ci, le monde entier la connaît, mais chaque visiteur la découvre pour lui-même. Vas-y sans moi, c’est une expérience que l’on doit faire seul.
L’air était froid et rare, malgré le soleil, et le silence total. Des murs nus, des ruines impressionnantes, un observatoire, des maisons, un palais, un arbre solitaire et rabougri. Là il ne restait rien de l’or ou des peintures, mais l’isolement, les montagnes grandioses et la perfection de la construction, imposaient le respect et l’admiration muette.
Cyril resta immobile un bon moment, l’esprit perdu dans un passé lointain, qui revenait le frapper dans l’isolement de cette ville déserte.
Il se secoua, regardant plus bas. Qaritl avait dit qu’il l’attendrait dans la jungle, sous le couvert des arbres.
Mais il avait dit autre chose.
Plus loin, encore plus haut, dans les neiges éternelles, il y a d’autres cités, que personne n’a encore retrouvées.
Cyril leva le nez vers les sommets blancs, et déploya ses ailes.
A suivre !
(la semaine prochaine si ... )
Bisous