Cyril et la maison au fond des bois ...
Bonjour les aminautes;
Je en vous ai pas encore raconté ce qui est arrivé à Cyril alors qu'il venait d'arriver dans le royaume Pc ? Si ? non je ne crois pas, et je peux vous dire que le dragon s'en souvient !
Un conseil ? Le lire quand il fait nuit :-)
Cyril, toujours méticuleux, avait vérifié plusieurs fois le panier des provisions, ainsi que le matériel de camping qu’il avait été chargé de rassembler.
Une grande tente facilement gonflable, très légère et résistante, qui prenait très peu de place une fois repliée. Un tapis de sol suffisamment épais pour être confortable, et de quoi fixer le tout. Fantasty, de son côté, se chargeait des duvets, des coussins, ainsi que des lampes.
Tous deux avaient décidé cette petite expédition il y avait déjà quelques temps, laquelle leur permettrait de prendre un peu de repos, et aussi d’explorer un coin du domaine Pc qu’ils ne connaissaient que peu pour Fantasty, et pas du tout pour Cyril. Le royaume Pc était en fait très étendu, et il restait encore beaucoup à découvrir en dehors du château.
C’était la première fois que Cyril allait camper, et il était tout excité à cette perspective.
Le jour dit, il rassembla ses paquets, et se dirigea vers l’entrée du château Pc, où il devait retrouver Fantasty.
Ils arrivèrent en même temps sur les marches du perron, ravis de leur petite expédition, et après s’être salués, avoir fixé les grands sacs à dos, ils prirent leur envol, et partirent à tire-d’aile vers le fond du royaume Pc.
Cyril avait eu tellement à faire depuis son arrivée qu’il n’avait jamais pris le temps de visiter le domaine dans ses moindres recoins. Il s’en était toujours tenu aux jardins qui entouraient le château, offrant un séjour bien agréable parmi les massifs de fleurs et les tonnelles ombragées.
Après les jardins, s’étendait un grand espace de prairies vertes et grasses, dont l’herbe ondulait doucement sous la brise. Une lande plus sauvage lui succédait, plantée de bruyères, où couraient de petits ruisseaux brillant sous la lumière.
Fantasty lui avait parlé d’une très jolie clairière dans un bois, avec une petite source limpide, et un tapis de fleurs multicolores. Lui-même n’avait pu aller plus loin, et désirait pousser une petite pointe pour explorer le bois dans la journée.
La frange des arbres se profila à l’horizon, et les deux dragons, volant énergiquement, se retrouvèrent bientôt dans un sous-bois merveilleusement frais après la chaleur du vol en plein soleil. Ils s’amusèrent à voler en zigzaguant entre les arbres, et Cyril monta même se percher sur une branche haute, d’où il admira le paysage, avant de sauter dans le vide, ouvrant ses ailes au dernier moment. Il adorait petite sensation de frayeur en sentant le vent siffler aux oreilles
Ils arrivèrent enfin à leur destination, dans la clairière tant vantée par Fantasty, et Cyril dut reconnaître que son ami ne s’était pas trompé. Ils se trouvaient dans un vrai décor de contes de fées. Une herbe haute et moelleuse, des fleurs qui embaumaient, le doux clapotis d’une petite source, de grands et majestueux arbres pour entourer.
– Ooooh Fantasty, soupira Cyril, quelle merveille. Je te remercie de m’avoir amené, tout est parfait ici.
Fantasty eut un sourire satisfait :
– C’est bien tel que dans mon souvenir. Je n’étais plus venu depuis un bon moment, et je retrouve tout sans grand changement. Allez viens, allons déballer nos affaires, et dresser la tente. Le plus tôt nous le ferons, le plus vite nous pourrons aller explorer les environs.
Les deux dragons posèrent leurs sacs, et ouvrant celui de Cyril, ils en sortirent la tente, repliée comme un petit paquet. Le temps de la déplier, elle s’ouvrit brusquement, manquant heurter Cyril et Fantasty en plein museau. Le tapis de sol, les duvets, les fixations furent rapidement mises en place, et la tente se dressa fièrement au beau milieu de la clairière. Cyril ne résista pas au plaisir de rentrer, et de voir comment était leur petite, et très provisoire, maison. Les duvets appelaient au repos, et même recouverte du tapis, l’herbe sentait bon, un vrai régal pour un nez sensible de dragon !
– Alors Cyril, tu viens ?
Fantasty l’attendait avec un peu d’impatience, pressé de repartir en expédition, et de revoir des endroits qu’il avait aimé. Cyril sortit, et tous deux prirent le chemin de la forêt.
Les deux heures suivantes furent occupées à parcourir la forêt ; admirer les arbres, regarder de près les champignons qui poussaient à leurs pieds. Respirer un air pur et fleuri. Cette forêt paraissait ne pas avoir de fin.
Enfin la lumière baissa d’intensité, signe annonciateur du soir qui tombait. Un peu à regret, les deux dragons prirent le chemin du retour, en bavardant gaiement de ce qu’ils venaient de voir. Au détour d’un chemin, ils eurent la surprise de découvrir une très jolie maison, une gentilhommière, qui semblait en fait abandonnée, entourée d’un peu de brume.
Les sandwichs préparés par le maître pâtissier furent engloutis en un clin d’œil, accompagnés d’un sirop préparé avec l’eau de la source voisine, et une série de bâillements les incita à rentrer dans la tente, pour s’enfouir dans les duvets et dormir d’un sommeil bien gagné.
Cyril fut éveillé brusquement par un formidable coup de tonnerre ! Tout l’intérieur de la tente fut éclairé par un éclair aveuglant, et au même moment, le vent se leva en rafales des plus violentes, alors qu’un déluge de pluie crépitait contre la toile imperméable.
Imperméable ? Pas assez pour une pareille pluie !
Très rapidement les deux dragons comprirent qu’ils ne pourraient pas rester beaucoup plus longtemps. Tout était déjà plus ou moins mouillé, et le vent soulevait la tente détrempée.
– Essayons de trouver un abri ! hurla Fantasty dans le tumulte ambiant.
– Oui, mais où ? Répondit Cyril sur le même ton.
– La maison ! dit Fantasty, au moins nous y serons au sec ! Dépêchons-nous !
Les deux dragons se ruèrent au dehors, rassemblant tant bien que mal ce qui pouvait l’être, et partirent à toute vitesse dans la direction de la demeure entrevue plus tôt.
Elle était bien là où ils l’avaient vue, ruisselante de pluie. Le vent devait avoir ouvert la porte, qui était entrebâillée sur un intérieur sombre. Les deux amis s’engouffrèrent. Et s’arrêtèrent dans un hall d’entrée poussiéreux mais sec.
– Ouhouh ! fit Cyril.
– Il y a quelqu’un ? reprit Fantasty.
Les murs résonnèrent puis le silence retomba, ponctué seulement du roulement du tonnerre à l’extérieur.
– Bien, fit Fantasty, il n’y a vraiment personne ici. Nous ne dérangerons pas, d’ailleurs le plus simple est de s’installer dans le petit salon, là, et nous repartirons dès l’aube. L’orage est en train de faiblir.
Il désignait une porte sur leur droite, s’ouvrant sur une petite pièce, illuminée par la lueur des éclairs. Les deux amis s’y dirigèrent, emmenant avec eux les paquets mouillés et dégoulinants.
– Attention aux tapis ! fit Cyril
– Posons tout cela devant la cheminée. Regarde, il y a encore une réserve de bois sec. Faisons un bon feu. Proposa Fantasty.
– Tu crois que la cheminée marche encore ?
Fantasty se pencha pour inspecter la cheminée :
– Je sens un appel d’air, elle marche sûrement. Aide-moi.
Ils empilèrent plusieurs bûches et soufflèrent dessus, ce qui fit apparaître de belles flammes, faisant crépiter le bois et répandant une douce chaleur. Les deux dragons posèrent leurs affaires mouillés devant l’âtre, et s’assirent par terre en attendant que les duvets soient à nouveau secs. Il n’y avait rien dans le petit salon, à part les deux tapis vus par Fantasty, le sol était toutefois moins poussiéreux que dans l’entrée. Cyril se leva pour aller pousser la porte, afin de mieux garder la chaleur, et revint s’asseoir, tous deux regardant le spectacle de l’orage par la fenêtre. Les duvets avaient rapidement séchés, les dragons s’installèrent du mieux qu’ils purent, et ne tardèrent pas à sombrer dans un profond sommeil, malgré l’inconfort de l’endroit.
– Fantasty !
– Mmmmh..
– Fantasty réveille-toi !!
– Qu’est-ce qui se passe ?
– Je ne sais pas. Quelque chose m’a réveillé, je ne sais pas quoi, et maintenant je suis gelé !
– Remets-toi dans ton duvet et rendors-toi. Tu as dû avoir froid sous l’orage, couvre-toi bien..
Fantasty se retourna, et un léger ronflement montra qu’il s’était rendormi. Cyril se rallongea, ramenant le duvet jusque par-dessus son nez, mais rien à faire, il avait toujours aussi froid, et pourtant il était tout près de la cheminée, et le feu crépitait pourtant allègrement. Fantasty devait avoir raison, il avait dû se refroidir pendant leur course sous la pluie. Il ferma les yeux, écoutant la respiration de son ami pour s’inciter au sommeil, parvenant au bout d’un moment à s’assoupir. Il fut à nouveau réveillé en sursaut par un bruit de galopade. Quelqu’un, non, un animal, courait au-dessus de leurs têtes !
– Fantasty !
– Quoi encore !!
– Ecoute, il y a un animal au-dessus.
Fantasty se redressa à son tour, pour écouter :
– Oui, tu as raison. Il doit y avoir un occupant quand même qui habite l’étage. Je vais aller le prévenir que nous sommes là, et le prier de nous excuser.
Il se redressa, et marcha vers la porte, posant la patte sur la poignée.
– Fantasty, fit Cyril d’une toute petite voix.
– Qu’y a-t-il ? Tu ne te sens pas bien ? fit l’intéressé, soudain inquiet, revenant vers le petit dragon.
– Ce n’est pas ça, je crois que j’ai peur !
– Peur ? Peur de quoi ?
– Je ne sais pas.
– Tu n’es pas raisonnable. Ne bouge pas, j’en ai pour cinq minutes.
Fantasty sortit, refermant la porte derrière lui, laissant Cyril recroquevillé près de la cheminée. Le bruit de galopade reprit, plus fort que précédemment, et Cyril entendit distinctement l’animal, descendre l’escalier à toute vitesse, s’arrêter devant la porte, gratter un peu, et repartir dans les profondeurs de la maison. L’instant d’après, Fantasty ouvrit la porte, l’air un peu étonné.
– C’est curieux, il n’y a personne, toute la bâtisse est vide, et blanche de poussière.
– Mais enfin Fantasty ! Cet animal était devant la porte juste avant que tu ne l’ouvres, tu n’as pas pu ne pas le voir, il est reparti vers le fond.
– Non, je n’ai rien vu, tu peux me croire. Tu es sûr ? Avec le bruit de l’orage…
– Tu l’as entendu comme moi, protesta Cyril, et d’ailleurs…
Il fut interrompu par le bruit des pattes courant à nouveau au-dessus d’eux, et Cyril sentit toutes les écailles de son échine se redresser.
– Ça c’est trop fort, fit Fantasty, je vais y retourner !
– Reste avec moi, fit Cyril, tout tremblant, il y a quelque chose ici…
Fantasty suivit la direction de son regard agrandi et fixa à son tour la porte.
La poignée tournait doucement, et le bois du panneau s’incurvait légèrement, comme si quelqu’un pesait de tout son poids derrière. Les deux dragons restèrent pétrifiés, et après quelques secondes, tout reprit sa place. Puis se fut le silence.
Fantasty, stupéfait, se retourna vers Cyril qui continuait de trembler :
– Ça alors ! Puis constatant l’état de son ami, il tenta de le rassurer :
– Calme-toi, il y a sûrement une explication, quelqu’un doit être dans une pièce que je n’ai pas vue,
quelqu’un d’original, ou même d’un peu fou, avec un chien. Le jour ne va pas tarder, rassemblons les affaires, nous allons partir dès que le soleil sera levé. Tu as toujours aussi froid ? Il fait pourtant chaud ici ?
Cyril cessait graduellement de trembler.
– Oui, je me réchauffe, un peu…
– Rallonge-toi si tu veux. Tu te sentiras mieux. Je vais te donner un petit remontant.
Fantasty sortit de son sac une petite bouteille, et la passa à Cyril, qui prit une gorgée au goulot, manquant de s’étouffer tant c’était fort.
– Qu’est-ce que c’est ? Hoqueta-t-il
– De l’élixir de dragon, répondit Fantasty en riant. Je ne t’ai pas encore présenté à ma grand-mère, elle habite dans un site assez éloigné, dans le nord. Elle en distille pour ses soirées d’hiver, ce sont des plantes. Ca va mieux ?
– Oui, je crois
Le soleil se leva à cet instant, dans un ciel limpide et bien lavé, inondant la petite pièce de ses rayons chauds. Cyril se sentit plutôt honteux, il devait y avoir une explication, et il s’était montré vraiment enfantin !
– Excuse-moi, Fantasty.
– N’y pense plus, allez, allons-y.
Les deux dragons ramassèrent leurs affaires, roulant les duvets dans les sacs. Fantasty étouffa les dernières braises sous de la cendre, et tous deux sortirent, gagnant rapidement la porte, et le vestibule, pour sortir sur le perron, rajustant les sacs à dos.
Cyril tremblait à nouveau :
– Fantasty, tu as vu ? Il n’y avait pas d’autres empreintes que les nôtres !
A ce moment la porte claqua derrière eux, et un petit rire se fit entendre. Les deux dragons partirent
à tire d’aile.
*
– Je vous assure messire Magnus, que cette maison est hantée, protestait Fantasty.
– Une maison hantée dans mon royaume Pc, tonnait Magnus Discus, impossible ! Ce n’est pas dans mes programmes !
– Et ce pauvre Cyril ! Il a fallu que j’appelle la fée Lilas pour le rassurer ! Je lui avais promis une belle promenade, et il va rester dormir chez elle ce soir, tellement il a eu peur.
– Il est plus courageux d’habitude, répondit Magnus, un peu moqueur.
– Je n’étais pas rassuré moi non plus, vous pouvez me croire ! Un autre mage n’essaierait pas de …
– Ah ! J’y suis, fit Magnus, c’est le vieux fichier d’un film d’angoisse ! C’est amusant que vous soyez tombés là-dessus. Je l’avais complètement oublié. Je l’envoie tout de suite à la corbeille, tu peux le dire au petit, ça le calmera. Il n’y a rien de surnaturel là-dedans.
Comme cela, la prochaine fois, vous pourrez vous promener tranquillement !
– Je ne crois pas qu’il soit près d’y retourner, et d‘ailleurs moi non plus