Cyril et le bébé dragon
Pour faire écho à Jill et sa dernière dragonerie , une aventure de Cyril
– Cyril ! dépêche-toi, on a besoin de toi tout de suite !
Cyril se hâta de sortir de sa page d’accueil et se précipita à la suite du page attaché au service personnel de Magnus Discus.
Et la page d’accueil, me direz-vous ?
Et bien, il faut savoir que le temps ne se déroule pas de la même façon dans les royaume Pc, et que ce qui représente plusieurs heures pour Cyril et ses amis, ne sont que quelques secondes pour nous.
Vous savez maintenant pourquoi il arrive que les pages et les images sont un peu longues à s’afficher.
Cyril suivit le serviteur le long des couloirs du château Pc, pour se retrouver très vite devant l’arrivée d’une connexion d’un flux à très haut débit . Il y avait tout un groupe de personnes agglutinées devant la connexion, apparemment occupées à regarder quelque chose que Cyril ne pouvait pas voir, en murmurant. Même Magnus Discus était là !
Cyril apercevait ses cheveux blancs dominant les têtes qui l’entouraient.
En voyant arriver le page et Cyril, les gens s’écartèrent, laissant apparaître ce qui les préoccupait tant :
Assis par terre, tout rond et bien vert, un bébé dragon. !
Il n’avait pas l’air effrayé, regardant autour de lui en gazouillant, et faisant une petite flamme de temps en temps.
–Regardez comme il est adorable ! Ces petites ailes, ces petites cornes, quel amour !!
– Ah Cyril ! fit Magnus Discus , te voilà. J’ai besoin de toi pour se charger de ce bébé que nous avons trouvé tout seul devant cet accès internet.
– Mais…dit Cyril, stupéfait, et ses parents, sa maman ?
– Nous ne savons pas. Un héraut l’a vu il y a une demie heure ici même et c’est tout ce que je peux dire.
– Il n’a quand même pas été abandonné ?
La question avait fusé du groupe, inquiète et un peu indignée.
– Les mamans dragons sont de bonnes mères ! protesta Cyril
– Avant tout, coupa Magnus, je dois lancer des recherches dans tout le réseau. Il a pu s’éloigner et être aspiré jusqu’ici. Ces flux très haut débit sont parfois dangereux, il y a des bousculades. Sa mère doit être en train de le chercher. Je vais voir avec Maître Google, maître Yahoo, et quelques autres. En attendant, Cyril, tu vas t’en occuper.
– Moi, Messire Magnus ! mais euh…je ne sais pas m’occuper d’un bébé
et Dame Kriath ?
– Dame Kriath est absente pour la journée, elle accompagne Keryanth à la fête de fin d’année de son école. Elle est d’accord pour le prendre demain, si nous n’avons pas trouvé sa mère. Mais pour ce soir, tu le garderas.
– Je vais ;l’aider, dit la fée Lilas, depuis le temps que je surveille des princesses au berceau, je connais les bébés !
– Et le programme pré-natal de la maman de Cerise va venir aussi. Il est un peu ancien, mais toujours de bon sens et actuel. Il t’apportera le matériel.
– Quel âge peut-il avoir ? demanda une femme
– Trois ou quatre mois, répondit Cyril,
il ne sait pas encore voler, et ne parle pas, mais sais se tenir assis.
Il se pencha pour le soulever et le cala au creux de sa patte repliée. Le petit ravi, se mit à babiller de plus belle, contre le poitrail de Cyril, émaillant son discours de petites flammes.
– Et il ne sait pas non plus maîtriser ses flammes ! dit Cyril en riant.
Il vit alors ce qui avait échappé à tous :
– Regardez, il porte un petit bracelet d’identité !
– Et bien lis-le Cyril ! fit Magnus.
Cyril se saisit délicatement du bijou, clignant des yeux pour lire la plaque :
– Athanase, né le … C’est ça, il a quatre mois.
– Quel joli prénom, dit la fée Lilas
– Qui va surtout bien nous aider pour retrouver sa famille, dit Magnus.
Emmène-le Cyril, je vais faire commencer les recherches dans les différents moteurs. Il faut qu’il mange et dorme. Je t’envoie la directrice du programme prénatal.
Les habitants de Pc qui s’étaient rassemblés commencèrent de se disperser, en parlant à mi-voix, pendant que Cyril et la fée prenaient leur envol vers le petit appartement de celui-ci.
Devant la porte, les attendait une femme assez corpulente, l’air efficace et compétent, vêtue d’une blouse blanche, comme l’assistante de maître Quenottes. Elle les accueillit avec un grand sourire qui s’élargit en voyant Athanase :
– Quel beau bébé ! Depuis la naissance de Cerise, je n’ai pas eu l’occasion d’en voir d’aussi mignon dans ce royaume.
Elle lui gratouilla le ventre, ce qui fit rire Athanase aux éclats.
– Il n’a pas l’air d’avoir peur, ou d’être malheureux, s’étonna la femme,
pourvu qu’il continue comme ça jusqu’à ce que sa mère vienne !
Et reprenant son ton professionnel, montrant les objets posés devant la porte :
– Je vous ai apporté un berceau, une chaise pour le repas, quelques jouets, des petits pots tout préparés pour le dîner. J’avoue que je ne sais pas ce que mangent les bébés dragons ? Peut-être faut-il des biberons ?
– Non, répondit Cyril,
Nous mangeons des bouillies dès la naissance, et rapidement des choses plus solides. Ce sera parfait. Mais un biberon pour l’eau est nécessaire.
– Vous trouverez tout ça dans le sac. Je viendrai récupérer le tout quand sa mère l’aura repris. Voulez-vous de l’aide ?
– A nous deux, nous devrions nous en sortir, dit la fée Lilas,
sinon, j’irai vous chercher dans votre fichier.
– Bien, répondit l’assistante maternelle,
alors je vous laisse. Commencez par lui donner un bain, il est tout sale. Puis faites-le manger et vite à dormir. Un petit comme cela a besoin de beaucoup de sommeil.
La fée Lilas prit le bébé le temps que Cyril ouvre et rentre les différents accessoires apportés. Il disposa soigneusement le berceau dans sa chambre, et la chaise près de la table de la cuisine, où les petits pots s’alignèrent en ordre de bataille.
La fée entra à sa suite :
– Je crois que l’assistante maternelle a raison, il a besoin d’un bon bain. Il a dû jouer dans ces connexions, et se salir là dedans. Je vais le faire, prépare son dîner pendant ce temps là.
Cyril acquiesça, et fit couler de l’eau dans une grande bassine, laissant une serviette bien moelleuse à portée de main. La fée se pencha et déposa Athanase dans le liquide tiède, s’apprêtant à le frotter doucement, pendant que Cyril retournait dans la cuisine pour faire chauffer le repas. Il fut presque tout de suite interrompu par un grand bruit mouillé et une exclamation. Retournant en hâte dans la salle de bains, il y trouva un Athanase battant furieusement des ailes et des pattes, en gloussant de joie, et une fée passablement détrempée. Il y avait presque autant d’eau sur le sol que dans la bassine, et Cyril dut se dépêcher d’éponger, pendant que la fée débarbouillait tant bien que mal le petit.
– Le moins que l‘on puisse dire est qu’il aime l’eau, dit la fée, après avoir réussi à le sortir, et à l’entourer du drap de bain.
Cyril s’activait de l’éponge, et la salle de bains reprit un air plus normal.
– Je vais devoir me sécher, continuait la fée.
De fait, sa belle robe mauve lui collait au corps, ses cheveux pendaient de chaque côté de son visage, et ses ailes ployaient.
– Tu vas pouvoir t’en sortir ?
Cyril considéra Athanase, assis sagement sur la chaise apportée par la nounou, occupé à jouer avec une cuillère, un bavoir autour du cou.
– Ca devrait aller, il a l’air calmé. Allez-y, vous ne pouvez pas rester avec des ailes mouillées comme cela !
Resté seul, Cyril fit rapidement chauffer les petits pots, disposant le contenu sur une assiette et se saisit de la cuillère pour faire manger Athanase. Avant qu’il ait eu le temps de lui présenter la moindre bouchée, celui-ci assena un grand coup de patte dans l’assiette, faisant voler de la bouillie jusque sur le museau de Cyril.
Tant bien que mal, Cyril fit avaler son repas à un bébé aussi affamé que joueur, et à lui faire faire un rot, matérialisé par une très jolie flamme pour son âge. Renonçant pour le moment à ranger une cuisine dévastée, il emmena Athanase, et le posa dans le berceau, dans l’espoir de le voir s’endormir rapidement. Il dut bien vite déchanter devant un dragounet à l’œil vif et brillant, qui se mit à hurler dès qu’il fit mine de le laisser ! En désespoir de cause, Cyril se saisit de son livre de contes, et commença de lire une de ses histoires préférées. Bien calé dans le berceau, Athanase écoutait en suçant son pouce, pour s’assoupir graduellement. Quand il fut sûr qu’il dormait, Cyril mit la couverture et se glissa dans son propre lit avec béatitude. Quelle soirée ! Il n’avait même pas eu le temps de manger ! Tant pis, il avait besoin de dormir. Le sommeil vint rapidement, tout aussi rapidement interrompu par de gros pleurs. Il bondit pour trouver un Athanase réjoui, dont les pleurs cessèrent aussitôt que Cyril le prit pour le bercer, toutes les tentatives pour le recoucher dans son berceau échouant lamentablement. Le petit matin les trouva installés tous deux sur le lit d’un Cyril qui n’osait pas bouger, pendant qu’Athanase dormait à poings fermés.
De petits coups secs frappés à la porte interrompirent ce moment d’accalmie, et Cyril se leva prenant bien soin de ne pas faire bouger les oreillers, sur lesquels Athanase était vautré. Il alla ouvrir la porte, et eut à peine le temps de voir passer en trombe une dragonne qui se dirigea directement vers la chambre, suivie d’un page du service de Magnus Discus plutôt hilare :
– Messire Magnus n’a pas eu de mal à la retrouver. Elle avait alerté la moitié du réseau ! Il paraît que le petit est particulièrement entreprenant pour son âge ?
Le quart d’heure suivant fut occupé par une avalanche de remerciements prodigués par Dame Ysia, à un Cyril très gêné de tant de reconnaissance, et de voir tous ses voisins, sortis en pyjamas, massés à la porte pour ne rien perdre du spectacle.
Il put finalement retourner se mettre au lit, pour quelques très courtes heures de repos. Le berceau était resté en place, les couvertures en désordre, et Cyril trouva tout à coup la pièce bien vide !