Le voyage : sur terre
Qu'allions-nous retrouver sur terre ?
Restait-il seulement un être vivant sur toute la planète ? Ou bien étions-nous les derniers représentants de notre espèce, dernier îlot d'une humanité désormais éteinte, et dans ce cas-là, qu'allions-nous faire ?
Nos deux vaisseaux ont survolé la lune, d'assez près pour nous permettre de voir notre station de Tycho, abandonnée, et nos cœurs se sont serrés.
Cela faisait dix semaines que les sphères étaient arrivées, jour pour jour. Nous avions pu arrêter l'action des engins qui ceinturaient notre monde, et en arrivant tout près de son orbite, nous les avons vus, inertes, toujours menaçants malgré leur immobilité. Nous savions que ces sphères en réduction ne pouvaient plus marcher, et elles nous faisaient peur, alors même que nous venions de traverser la galaxie dans une de leurs parentes.
Nous nous sommes repris en arrivant à proximité de la terre.
L'atmosphère était saturée de nuages compacts, qui ne laissaient rien voir, ou presque de la surface. Seule, une rare trouée, ici et là, permettait un regard fugace vers une planète plongée dans un hiver nucléaire auquel même les siècles de guerres passés ne nous avaient pas préparés. Et ces brefs moments d'éclaircies étaient le résultat de l'inaction des drones depuis six jours que nous les avions neutralisés.
La haute atmosphère n'était plus agitée de courants créés de toute pièce par l'action ennemie, et lentement les flux naturels se remettaient en place. La terre guérirait, c'était certain, mais il faudrait du temps, beaucoup de temps, et nos semblables n'en avaient pas. Les relevés de scanners que nous faisions montraient que la surface avait été moins remodelée que nous le pensions, mais la plupart des villes étaient détruites, rasées ou en ruines. Les séismes avaient séparé des morceaux de continents, soulevé des montagnes, englouti bien des terres qui étaient prospères il y avait à peine deux mois et demi de cela.
Les analyses ont aussi montré que l'atmosphère était chargée de particules, de poussières, et que sa composition, si elle n'était pas immédiatement mortelle, était devenue suffisamment toxique pour anéantir la plupart des espèces vivantes, comme au temps de dinosaures. Les volcans, réveillés par les séismes, crachaient leur lave et leurs cendres, achevant de saturer l'air. Et là, où il n'y avait pas de volcans, les glaciers avaient repris leur avance
J'ai pensé au mythe ancien de l'Atlantide, à la disparition de cette civilisation épanouie, que beaucoup tenaient pour un rêve de gloire ancienne, ne devant rien à la réalité. Nous étions cette nouvelle Atlantide, et rien ne prouvait que dans deux mille ans, quelqu'un se souviendrait qu'une civilisation avait fleuri sur terre. C'est alors que le communicateur resté
ouvert, a fait entendre encore plus de crachotements, et a répondu à un des appels incessant de Tamara.
– Mon Dieu, qui êtes-vous, et d'où appelez-vous ? Je pensais ne plus entendre une autre voix que les nôtres !
A suivre !
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