Le voyage : l'escalier
(pour reprendre depuis le début, c'est par ici : lien
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Nous y avons passé des heures pour finir par nous retrouver en bas, sans résultats, alors que la nuit commençait de tomber sur la planète. A ce moment, Hans a trouvé la porte.
Hans, sur Tycho, était ingénieur agronome, c’était lui qui s’occupait de nos serres.
Tycho moon… elle nous paraissait tellement lointaine, comme un monde étranger, à demi oublié. Et pourtant, il y avait si peu de temps…
Zdem, à ce moment de la lecture, reposa le traducteur, pour laisser les informations et les sensations se décanter. Tycho moon…En regardant par sa propre fenêtre, il voyait ce que Jourdin décrivait, et il pouvait, à travers les mots, sentir toute la nostalgie du monde natal. Lui-même fut pris d’une sensation de regret poignant, qui lui étreignit le cœur, en pensant à Liatrra, qu’il n’avait plus vue depuis plusieurs mois.
Cette mission allait certainement s’éterniser, car ses supérieurs voulaient toujours plus de rapports, et de détails sur cette planète bleue. Quel but poursuivaient-ils ? Malgré ses interrogations à des amis bien placés, il n’y avait aucune rumeur qui avait filtré. Il aurait bien entendu pu demander son remplacement. Impossible ! Il voulait savoir, et continuer d’explorer, mais il se promit de demander une permission de quelques semaines d’ici peu.
Cette prise de résolution lui fit du bien, et plus sereinement, il reprit sa lecture, se penchant vers les pages jaunies.
Il faisait noir derrière la porte, totalement, car il n’y avait pas de fenêtres. Nos lampes ont éclairé une grande pièce, nue. Son accès devait être sécurisée, car la porte était armée d’une sorte de verrou à code, et très épaisse. Elle était faussée, et son cadre était fissuré, sans doute suite à un séisme, comme nous l’avions vu un peu partout, et la repousser pour nous permettre de passer avait été facile.
Dans cette deuxième pièce, un ascenseur sans porte, et une nouvelle porte, donnant sur un escalier. L’ascenseur était bien sûr impraticable, lui aussi faussé, la cabine était tombée à des profondeurs insondables. Restait l’escalier. Là, un peu de chance s’est manifestée, en la présence d’un boîtier de commandes que nous avons supposé électrique. Nous avons tenté, et l’escalier s’est éclairé d’une lumière extrêmement blanche.
Le combustible qui fournissait cette lumière devait avoir survécu pendant des années à ses créateurs !
Nous avons descendu les marches, en remarquant encore la forme étroite et haute, qui nous les rendait difficiles. Quel aspect pouvait avoir ces gens ?
L’endroit était beaucoup plus ancien, des fondations en pierre brun-rouge, sur lesquelles la tour moderne s’appuyait. Finalement nous sommes arrivés à l’entrée d’un souterrain, dont le couloir principal continuait tout droit. Des portes, encore, à droite et à gauche, que nous avons ouvertes. Chacune des pièces découvertes semblaient avoir été des laboratoires, comprenant plusieurs caissons de stase, entièrement équipés. Ils étaient tous vides, sans exception, à l’intérieur il n’y avait qu’un peu de poussière brunâtre. Quelles expériences avaient pu être menées ici ? Et sur quelles créatures, tant leur forme était allongée ?
Nous avons fini par trouver, bien plus loin, ce qui devait être le centre médical, avec des rayonnages supportant des centaines de plaques métalliques d’une grande finesse.
J’en ai pris une, appuyé sur un des petits boutons à sa base, et l’écran en réduction s’est éclairé. Des images, qu’il suffisait de faire défiler, comme sur nos propres ordinateurs miniaturisés. Des annotations dans une langue à l’écriture incompréhensible, mais nous n’avions pas besoin de comprendre pour reconnaître une sorte de traité d’anatomie, et là nous avons su ce qui était arrivé aux habitants.
Les planches montraient des êtres insectinoides, aucun doute là-dessus. Leur apparence nous évoquait un peu les mantes terrestres, et expliquait aussi cette architecture étroite et allongée que nous avions observée. Elle expliquait aussi la poussière dans les caissons de stase. Un corps sans squelette osseux ne laisse rien d’autre en se décomposant. Ils avaient tenté de survivre à un fléau, et ils avaient échoué, ne laissant derrière eux que cette ville imposante sous sa coupole.
Nous avons eu un élan de pitié, vite réprimé pour nos agresseurs, suivi de perplexité. Il y avait longtemps que tout cela était arrivé, extrêmement longtemps, pas de doute, alors les sphères ?
Sentant poindre le désespoir, nous avons repris notre recherche, jusqu’à trouver un nouvel accès.
Un escalier ancien, taillé dans la pierre, qui montait vers une autre partie du complexe. La lumière brillait en haut des marches, nous les avons gravies.
Pour la communauté de Lénaïg "feuilletons, histoires à suivre .."