Le voyage : la ville abandonnée
Au matin, les membres de l’équipe d’exploration s’étaient retrouvés devant une tasse de karam, boisson énergisante et revigorante, appréciée par tous, sauf de Lirio Mat, qui avait préféré se faire une infusion avec des plantes autochtones. Son mélange sentait d’ailleurs très bon, mais une certaine méfiance avait retenu les hommes.
Le moral était remonté après le déjeuner, la mission commençait de ressembler à toutes les autres missions, et l’équipage se sentait plus décontracté.
Le matériel avait été rapidement recompressé, et ils avaient repris leur chemin, cette fois sous la conduite de Zdem, car ils allaient entrer dans le cœur de la ville, où la végétation était moins dense, mais les dangers possibles plus présents.
La ville avait dû être tentaculaire, une mégapole qui semblait avoir d’assez nombreuses sœurs sur cette planète, pour ce que les analyses des balayages scanner avaient révélés.
Son cœur avait dû se trouver jadis assez éloigné de la mer, mais le niveau de celle-ci était de manière évidente monté de plusieurs mètres, amenant le rivage à peu de distance.
Zdem et ses compagnons avaient du mal à comprendre cette manière de vivre, eux qui ne connaissaient que de petites agglomérations, où la discrétion était de rigueur. Comment pouvait-on habiter dans de tels empilements, se demandaient-ils, en regardant les ruines d’édifices montant haut dans le ciel. L’enchevêtrement de rues et de larges artères semblait ne pas avoir de fin, et la progression ne se faisait pas aussi rapidement qu’ils l’auraient voulu. Il fallait tout le temps se repérer, car le plan tracé d’en haut devenait difficilement applicable au milieu des ruines et de la végétation. L’expérience et l’intuition de Zdem étaient alors primordiales pour leur permettre de poursuivre sans perdre trop de temps, et sans se mettre en danger
Le terrain était de plus en plus accidenté au fur et à mesure que l’avance se faisait. L’impression de solitude aussi, due certainement aux ruines qui les entouraient de toutes parts, façade éventrées, aux fenêtres s’ouvrant sur le vide, ou envahies de plantes folles.
Le fleuve, sur leur gauche, comme une oasis de beauté dans la dévastation, coulait doucement, faisant miroiter des eaux argentées sous le soleil. La ville était bâtie de part et d’autre de ses rives, et en le suivant, ils arriveraient dans le centre névralgique.
Tout cela était très vif dans l’esprit de Zdem, alors qu’il était assis là, dans le calme et le confort rassurant de sa cabine de la base de Tycho.
Ils avaient finalement abandonné le croiseur, pour s’installer dans la base bâtie par les contemporains de Jourdin, c’était plus facile à tous égards, et l’endroit de toute façon était remarquablement conçu, il fallait en convenir.
Les installations avaient été remises en état, les générateurs d’air fonctionnaient à plein régime, la poussière avait été ôtée par les robots ménagers débarqués pour la circonstance du croiseur.
Lirio Mat s’en donnait à cœur joie de remettre les serres en état, et de replanter les échantillons ramenés de la surface, déclarant à qui voulait entendre qu’il se faisait fort de leur servir bientôt des plats de chez lui, confectionnés à partir de sa production.
La base reprenait vie, lentement mais sûrement, et ils étaient les artisans de cette résurrection.
Zdem s’était tout naturellement installé chez Jourdin, et regardait le même paysage que lui, par l’unique fenêtre de la petite chambre. Paysage blanchâtre, immuable, qui aurait été morne sans la vue sur la planète mère. Son ciel était bien dégagé ce soir, et le bleu de ses océans brillait comme une pierre de tâar, une des plus belles gemmes de Liatrra.
Un petit clic lui indiqua que le traducteur venait de finir son travail pour quelques pages de plus. Zdem abandonna ses pensées et se pencha sur le livre.
Nous nous doutions de ce qui allait suivre.
Tout sur la planète nous le disait depuis notre arrivée, ce silence, cette immobilité autour de nous, mais il fallait vérifier.
A suivre ! (le lundi)
Pour la communauté de Lénaïg "histoires à suivre, feuilletons ..."
Bon voyage !
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