Le voyage, premier contact, partie 1
La navette d’exploration filait vers la surface de la planète, que bien des générations avant leurs naissances, des êtres humains pensants avaient appelée Terre.
Zdem et ses compagnons gardaient un silence un peu oppressé, et à vrai dire, il se demandait bien pourquoi. Ce n’était pas la première fois, ni même la dixième que eux tous partaient ainsi explorer une surface inconnue. Ils faisaient tous ce métier depuis des années, alors ? Tous les relevés indiquaient qu’aucun danger sérieux n’était à craindre, il fallait juste garder la prudence habituelle en un lieu inconnu. En d’autres contrées, ils avaient affronté des natures autrement plus inquiétantes, peuplées de monstres assoiffés de chairs, capables de transformer leur apparence de telle façon, que seules les lunettes à infra-rouge permettaient de distinguer le végétal de l’animal à l’affût. Cette fois-là, il s’en était sorti, lui Zdem, d’extrême justesse, déjà dans les griffes d’une de ces créatures, et il n’avait dû la vie qu’au coup de laser que Loqmar avait réussi à placer entre les deux yeux du fauve. Il gardait sur le dos les traces des griffes qui l’avaient saisi, et pourtant, il n’avait alors pas ressenti ce qu’il ressentait maintenant, ce mélange d’excitation et de ce qu’il était bien obligé d’appeler de la peur. Etait-ce à cause du journal de Tycho ? Savoir que toute une civilisation avait prospéré là, puis avait été détruite de si terrible manière ? La crainte de se retrouver devant des pièges insoupçonnés laissés par les sphères ?
Il avait bien dû raconter ce qu’il lisait, et apparemment les hommes de son équipe partageaient les mêmes sentiments, se jetant des coups d’œil furtifs. Seul le botaniste paraissait détendu. Il faut dire qu’il ne venait pas de Liattra, mais d’un système voisin, où la planète principale était recouverte d’une jungle inextricable, impossible à vraiment défricher. Les habitants y avaient développé une technologie unique, où tous les matériaux étaient d’origine végétale, des murs des maisons, jusqu’au moindre outil. Par la force des choses, ils étaient des botanistes de grand renom, et les meilleurs d’entre eux étaient demandés aux quatre coins de la galaxie pour des expertises. Lirio Mat vérifiait son matériel de prélèvement avec la plus grande décontraction, et Zdem ne put s’empêcher d’admirer encore les fioles faites avec le suc d’une plante locale, qui traité par leur soin, devenait dur comme du verre armé, et transparent comme du cristal. Quant au botaniste lui-même, il tranchait sur ses collègues du moment, avec sa peau zébré de vert sombre, et ses cheveux de jade. Il était arrivé deux jours auparavant, et s’il avait manifesté un intérêt poli pour le journal, la végétation terrienne était sa seule véritable préoccupation.
Se désintéressant de Lirio Mat, Zdem retourna en pensée aux écrits du capitaine Jourdin, dont il se sentait de plus en plus proche, malgré les huit cents ans écoulés. Le même sens des responsabilités les animait de toute évidence, mais de plus, les sentiments évoqués par Jourdin, trouvaient un écho profond chez Zdem, qui s’en étonnait et se le reprochait. Il devrait faire preuve de plus de détachement et du professionnalisme qui d’ordinaire était le sien.
Le matin même, avant le départ, et alors que tant de choses restaient à vérifier, il n’avait pu s’empêcher de lire quelques pages, qui s’étaient imprimées dans son cerveau, comme écrites en lettres de feu.
Nous avons suivi la sphère survivante, qui nous entraînait vers une région assez clairsemée de ce bout de galaxie. A bord, un silence de mort régnait et les visages étaient crispés. Nous avions vu le passage se refermer derrière nous, alors que nous faisions volte-face pour nous y ré engager. Les balayages de la zone que nous avons faits désespérément n’ont rien donné. Sans doute fallait-il un signal spécifique venant de la sphère pour l’ouvrir ? La décision que nous avons prise était la seule sensée, et l’avons prise immédiatement, la sphère s’éloignant rapidement.
Mais où allait-elle nous emmener ? Faudrait-il traiter avec nos agresseurs ? Allait-il falloir se battre ?
A suivre !
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