Le voyage - premier épisode
Il y a quelques temps, j'ai adhérer à la toute récente communauté de Lénaïg "feuilletons, histoires à suivre.."
Je commence aujourd'hui une longue nouvelle, écrite sous d'autres auspices, et qui pour le moment est inachevée ... sans doute trouvera-t-elle ici sa conclusion !
Je vous invite à un voyage qui vous emmènera bien loin !et à nous rejoindre dans la communauté de Lénaïg .
Le voyage: premier épisode,
Le livre de bord
– Commander, venez voir ce que je viens de trouver !
L’officier ainsi interpellé, étouffa un soupir. Depuis qu’ils étaient arrivés dans cette base spatiale désertée, il ne pouvait se défaire d’un sentiment de malaise. La base était manifestement abandonnée depuis des centaines d’années, et pourtant tout était resté dans un état presque parfait, comme si les habitants allaient revenir d’un instant à l’autre. Seule une poussière blanche recouvrant chaque chose, laissant leurs empreintes profondément visibles sur le sol, perturbait l’aspect net de l’endroit.
Bien sûr, il s’agissait d’un satellite de la planète principale, sans atmosphère propre, et donc l’érosion n’avait presque pas joué de rôle. Les météorites avaient aussi par chance évité une surface portant pourtant de nombreuses marques, témoignages d’un passé agité.
Tout cela le commander Zdem l’avait déjà vu, à de nombreuses reprises, depuis le temps déjà lointain de ses débuts dans la flotte d’exploration de sa planète natale. Les bases abandonnées, les civilisations éteintes étaient monnaie courante dans son métier, alors pourquoi cette sensation, ici, dans cet obscur système, placé en périphérie, près du bord d’un bras de la galaxie ?
Cette découverte n’avait en soi pas grand intérêt, et si les supérieurs n’avaient pas ordonné, lui-même ne se serait pas arrêté à quelque chose d’aussi insignifiant et sans descendance attestée. Ils pouvaient tous être fiers de leur culture qui s’était répandue aux quatre coins de la galaxie, réunissant des civilisations d’origines très diverses, et les faisant vivre en bonne intelligence. Zdem lui-même appartenait à un peuple qui avait été nomade, durant de longs siècles. Ils avaient fini par s’installer sur sa planète natale, pour le meilleur et le plus grand bonheur de tous, amenant ainsi la prospérité sur Liatrra.
De leur origine nomade était resté le goût des voyages et de la découverte, Zdem ne faisait pas exception, et avait vu de ses yeux la moitié au moins des astres de la galaxie.
Mais il n’arrivait toujours pas à comprendre pourquoi on les avait envoyés là. Y aurait-il une idée d’implantation de colonie dans l’air ?
Il regarda autour de lui.
Ils s’étaient posés d’abord sur le satellite. Sans atmosphère, il serait plus facile de faire les vérifications d’usage sans avoir à craindre des gaz toxiques. L’atterrissage sur une surface plane, près de la construction s’était fait sans problème, et les investigations avaient commencé tout de suite. Il n’y avait personne bien sûr, mais jadis, le complexe devait avoir abrité une petite colonie d’une centaine d’individus, et pour l’époque, ils étaient vraiment bien installés. Des quartiers d’habitations, des serres pour subvenir aux besoins en nourriture, des laboratoires, tout cela était vraiment remarquable pour des gens qui avaient vécus il y avait si longtemps.
Il y avait aussi les restes d’une sorte d’usine,
Leurs appareils de mesure avaient fourni la durée de l’année de ce système, soit 365 jours de 24 heures chaque. La base avait révélé son âge dans la foulée, elle avait été bâtie deux mille ans auparavant, en donnée temporelle du système, soit 800 ans pour la planète de Zdem. Cela faisait quand même un sacré bout de temps, se dit-il, en parcourant les couloirs poussiéreux. Pourquoi avaient-ils abandonné leur construction, au lieu de l’étendre ? Et qu’avaient-ils pu devenir ?
Aucun corps n’avait été trouvé, pas plus que de cimetière, apparemment personne n’était mort ici.
Quelque chose lui disait que la réponse allait se trouver sur la planète mère, en attendant il fallait voir ce que son second avait trouvé. Il n’avait pas son pareil pour dénicher les indices intéressants.
Zdem retrouva Loqmar dans un des quartiers d’habitation, qui avait sans doute été celui du chef de la colonie, si la taille des lieux voulait dire quelque chose. Sous la poussière, tout était parfaitement rangé. La table, les deux chaises, les instruments, la petite pièce qui servait de chambre. Encore des vêtements dans les placards, figés dans le vide ambiant. S’ils avaient pu remettre en service une partie des éclairages, il n’y avait plus la moindre particule d’air. D’ailleurs sans en connaître la composition exacte, ce n’aurait pas été prudent.
Loqmar était assis à la table, et avait posé devant lui un objet que Zdem identifia comme un livre. Un livre ! Un objet quasi mythique pour eux qui ne savaient que les plaques de lecture, objets métalliques et plats.
Loqmar avait sorti le traducteur universel, et arboré un sourire ravi :
Pas de problème pour traduire, venez voir ça ! Toute leur histoire est là-dedans !
Zdem s’était assis sur la chaise abandonnée par son second, et avait écarquillé les yeux. Ce n’était pas un livre, mais un journal de bord, écrit à la main !
Les scientifiques allaient être fous en voyant cela !
Avec précaution, il avait tourné les pages, pour revenir à la première. L’écriture était petite, nette et précise. Le traducteur, posé à côté, fixant le papier de son œil perché au bout d’une tige flexible, transmettait le texte au fur et à mesure sur la plaque à laquelle il était relié. Il n’y avait rien d’extraordinaire, constata Zdem avec déception, la vie de n’importe quelle colonie, en un peu plus ancien pour le côté technique. S’en était confondant de banalité ! Loqmar derrière lui s’agitait, et n’y tenant plus se pencha par-dessus son épaule, pour tourner les pages :
- C’est à partir de là qu’il faut lire, s’exclama t-il.
Il avait désigné le milieu à peu près du livre, et Zdem, sans relever l’incorrection inhabituelle de son second, avait commencé à lire.
Tout de suite, il comprit que cette lecture allait changer le cours de sa vie…